Dans un espace Snoezelen, une autre relation se noue entre la famille et le résident désorienté. Entre musique et couleurs, un moment d'intimité et de sérénité si précieux.
Pour les familles aussi !
Outil d'une stratégie thérapeutique, facteur d'apaisement et de stimulation des résidents, l'espace Snoezelen a au fil du temps gagné une place méritée dans les Ehpad. Cet espace venu des Pays-Bas peut dispenser ses bienfaits de bien des façons : aux familles le jour, aux résidents la nuit.
Aurélien Cheuret, directeur de l'Ehpad Orpéa de La Fontaine (Yvelines), a inclus l'espace Snoezelen dans tous les volets de son projet de soin. " Souvent la communication n'est plus possible entre la famille et le résident arrivé à un stade avancé de la maladie d'Alzheimer, affirme le directeur de cette résidence spécialisée dans l'accueil de la grande dépendance. Les résidents sont anxieux, les conjoints ou enfants aussi. Ceux-ci ont du mal à accepter la dépendance et les troubles engendrés par la maladie. Créer une nouvelle relation et trouver d'autres modes de communication relèvent de la mission et de l'aide que doit apporter notre établissement aux familles. " Pour cela, l'équipe s'appuie notamment sur l'espace Snoezelen (et sur des sorties, des ateliers...).
Avec ses lumières douces, ses bulles de couleur, ses sièges moelleux et sa musique apaisante, l'espace Snoezelen apparaît comme un havre de paix pour le résident et son conjoint. " C'est un moment d'intimité, qui rompt avec l'environnement habituel et se place hors du temps et des contraintes, poursuit le directeur. Le soignant va apporter des jus de fruits, la psychologue pourra entrer et échanger un moment. " Attention, parce qu'il est clos, l'espace Snoezelen est trop stimulant ou générateur d'angoisse pour certains résidents. L'accès ne se fera donc qu'après suggestion d'un soignant formé.
La pièce est ouverte toute la nuit
Les retours sont très positifs. Séduites par cette relation de partage où souvent la parole est accessoire, certaines familles font une halte à chaque visite. Ecoutons Madame Dressayre, épouse d'un résident désorienté de la Résidence Orpéa de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, qui vient voir son époux presque chaque jour : " J'ai besoin de trouver la paix avec mon mari, de retrouver notre couple, confie-t-elle. Je ne peux pas dire ce que mon mari ressent, mais je vois bien que ses traits se détendent, sa main aussi. Le passage dans l'espace Snoezelen est pour nous deux un moment d'intimité, de sérénité."
Toutefois certaines familles peuvent avoir peur, soit d'un espace trop enveloppant, soit, qui sait, de cette nouvelle relation. A Marly-le-Roi, on travaille sur le sujet. " Il faut expliquer en amont les bienfaits de cette approche pour que l'idée puisse progressivement faire son chemin ", précise Aurélien Cheuret.
Le directeur fait encore un autre usage de l'espace Snoezelen. " La pièce est ouverte pendant la nuit et la musique toujours en marche, indique-t-il. Ainsi, le résident peut y venir selon son bon plaisir, au cours d'une déambulation. Quand le soignant remarque des signes d'assoupissement, il propose au résident de le raccompagner dans sa chambre. " Résultat ? Les prescriptions de neuroleptiques ont diminué d'environ 30%. Un chiffre qui devrait apaiser - en partie - les comptes de la Sécurité sociale.