France Stratégie, organisme public qui remplace (un peu) le Plan comme " éclaireur " de la société, et -normalement- de la décision publique, présente un lourd travail sur les fractures qui traversent et abiment notre pays.
Pour sortir (un peu) du pessimisme...
On y retrouve la défiance démocratique, l'école qui renforce la ségrégation et les inégalités sociales, la crise de confiance dans la sécurité du pays, les fortes inquiétudes sur les manières de vivre sereinement la pluralité des origines religieuses... Bref le constat est assez sombre. France Stratégie a cherché aussi à montrer que nos représentations étaient pires que la réalité. Ainsi, si 40% des Français estiment qu'ils ont un risque de chômage dans les mois à venir, l'institut rappelle que la probabilité pour un salarié de connaître le chômage est de " seulement " 3,3% (mais 7,3% pour les ouvriers non qualifiés). De la même manière, les deux tiers des Français se déclarent pessimistes pour l'avenir du pays dans dix ans, mais ils sont 54% à être optimistes pour leur situation personnelle...
Sentiment générationnel
Surtout, l'étude relève que 73% d'entre nous craignons que les tensions se durcissent encore entre les groupes culturels. En fait ce qui fonctionne le mieux, c'est la relation entre les générations. Notons d'abord que le groupe socio-culturel d'identification reste d'abord le fait d'appartenir à la même génération, devant le sentiment de partager la même situation socio-économique, et très loin devant le partage de conviction politique, d'habiter dans le quartier ou d'avoir la même religion. Ainsi 31% des personnes interrogées citent en premier la génération (57% en ajoutant le fait de placer cette appartenance en 2ème choix), 27% citent en premier l'appartenance sociale, 19% citent en premier le partage de convictions politiques, 13% le fait d'habiter le même quartier ou village et 6% d'avoir la même religion.
Solidarité intergénérationnelle
Ce sentiment générationnel ne s'accompagne en rien d'une conflictualité entre les âges. Seulement 7% pensent que c'est d'abord entre les générations que les tensions seront les plus fortes. Contre 47% qui pensent que c'est surtout entre les appartenances religieuses que les oppositions seront les plus vives. Ils sont 23% à craindre en premier que ce sera entre les tendances politiques et 19% à s'inquiéter en premier lieu pour les oppositions entre catégories sociales.
Une bonne nouvelle !
Dans un pays en déprime, c'est encore le lien entre les générations qui peut retisser la société. Signalons aussi que la perception de fortes tensions entre les personnes âgées et les jeunes est d'ailleurs assez faible dans l'ensemble des pays en Europe : elle est au plus haut au Royaume-Uni, avec 16%, et le plus bas en Allemagne, avec 9%. En moyenne les européens sont seulement 13% à la craindre. En voilà une bonne nouvelle !
@Guerin_Serge
Professeur à l'INSEEC Paris Directeur du MSc " Directeur des établissements de santé "
Dernier ouvrage : Silver Génération. 10 idées fausses à combattre sur les seniors, Michalon