Mieux gérer et traiter les déchets génère des économies qui peuvent être réinvesties en faveur du mieux-être des résidents et des professionnels.
Pour une démarche « écolonomique »
Dans son livre blanc « 5 clés pour accompagner les Ehpad dans la transition écologique » (1), publié en novembre 2020, Aurélie Aulagnon, consultante en gérontologie est allée à la rencontre de Dominique Gelmini, Directeur d'Ehpad à Jasseron. Dans cet établissement, la réduction des déchets alimentaires a été rapidement obtenue grâce au choix d'un nouveau prestataire et d'une alimentation bio et locale. Les économies réalisées la première année - 40 000 euros - ont ensuite été investies dans l'achat de matériel de cuisine : four vapeur et Variocooking©. « Le four vapeur n'asséchant pas les aliments, la quantité consommée est moindre. La cuisson est plus rapide, la viande a gagné en tendreté, et les dépenses alimentaires sont réduites », note Aurélie Aulagnon. L'Ehpad a ensuite investi dans un déshydrateur pour éliminer les déchets alimentaires. Et, in fine, ce sont aussi deux professionnels supplémentaires qui ont pu être embauchés grâce aux économies réalisées. « Cette démarche rend l'Ehpad "écolonomique". Il suffit d'un premier investissement, pour atteindre rapidement un cercle vertueux. La gestion des déchets est le premier levier. Que ce soit à la maison ou dans un Ehpad, l'une des premières démarches est de travailler sur le contenu de ses poubelles », témoigne Aurélie Aulagnon.
Réflexion collective
Les résidents peuvent aussi être associés à cette démarche « gagnante » via le Conseil de la vie sociale (CVS) ou grâce à des actions ponctuelles mises en place par l'Ehpad, un atelier ayant pour sujet « Quel projet d'action mettre en place ensemble ? » par exemple. « Intégrer les personnes âgées à la démarche garantit la durabilité. Et elles sont souvent fières de participer à la mise en place d'initiatives innovantes et d'être utiles collectivement. Nombre d'entre elles avaient par ailleurs pris l'habitude, avant leur entrée en établissement, de faire leur compost ou de cultiver leur potager... Ce sont des savoirs qu'elles peuvent à nouveau mettre en place. La transition démographique impose aussi d'utiliser ce levier », poursuit la consultante.
La démarche peut enfin amener à reconnaître à l'Ehpad un rôle central d'impulsion de projets au sein d'une commune ou d'une intercommunalité. A Jasseron par exemple, le maire a proposé que la nouvelle restauration de l'Ehpad en circuit court bénéficie à la cantine scolaire, « ce qui promeut une approche intergénérationnelle qui bénéficie à tous, sans oublier les acteurs économiques locaux », note Aurélie Aulagnon qui appelle donc les directions d'Ehpad à dépasser deux points « bloquants » : abandonner une vision à court terme pour privilégier une vision à long terme et choisir une méthodologie simple : « Les directions ont souvent envie d'agir mais le premier pas est difficile à faire car elles ne savent pas par où commencer alors qu'une simple évaluation des déchets permet souvent d'identifier les leviers à activer », conclut-elle.