La réforme de la tarification des EHPAD, la remontée des tableaux de bord vers les ARS, l'étude nationale des coûts (ENC EHPAD), dossiers et documents communs à l'entrée en institution, partage des DMP, suivi des patients sortant de l'hôpital vers des structures d'hébergement, interopérabilité des logiciels, Big data, tout bouge, tout change, tout se numérise...
Pourquoi pas un plan médico-social numérique intégrant les EHPAD ?
L'overdose est proche. Les directeurs d'établissements passent plus de temps à triturer des chiffres sur un tableau Excel qu'à être au milieu de leurs résidents et des équipes soignantes de l'établissement.
Même l'UNIOPSS s'alarme du manque de concertation entre les différents acteurs et de l'absence d'un plan d'ensemble concernant les systèmes d'information, lesquels devraient être adaptés au secteur médico-social et soutenus par les pouvoirs publics.
Dans un courrier adressé à Marisol Touraine, ministre de la santé, le 3 janvier 2017, l'UNIOPSS écrivait que « le secteur médico-social n'est, à ce jour, pas assez outillé et nombre de nos adhérents, établissements et services médico-sociaux, ne disposent pas des moyens humains et financiers nécessaires à l'adaptation de leurs systèmes d'information ».
Une étude initiée par l'URIOPSS Ile-de-France, pilotée par l'ARS Ile-de-France et le conseil départemental de Seine-et-Marne le confirme : « il existe un réel besoin d'un plan national « médico-social numérique » permettant aux acteurs de mettre à niveau leurs SI et de travailler en interopérabilité avec les SI régionaux déployés par les ARS, les SI hospitaliers et les SI utilisés par les professionnels de santé libéraux ».
Partager oui, mais quoi et comment ?
L'interopérabilité des SI régionaux déployés par les ARS est nulle, quant aux SI hospitaliers et les SI utilisés par les professionnels de santé libéraux, on en est encore à l'âge de pierre. Faute de cadre national et de moyens financiers, les « SI partagés » restent un voeu pieux.
Récemment le réseau UNIOPSS-URIOPSS demandait l'impulsion d'une mission parlementaire visant à dresser un état des lieux des besoins de modernisation des systèmes d'information et du parc informatique des établissements et services médico-sociaux et proposait la création un plan médico-social numérique. Les élections passant par là, il faudra réitérer la demande.
Big data et zetabyte
Sur le salon de la Santé (Paris Healthcare Week) on a beaucoup parlé Big Data. Or la plupart des données collectées ne sont pas structurées, c'est-à-dire exploitables. Même le DMP dans ce cadre-là n'est pas utilisable. De plus les ordres de grandeurs sont le Zetabyte c'est-à-dire 10 puissance 21 bytes. Et le volume des projets dans le domaine de la santé croit de 25% dans le monde. Nous n'en sommes qu'aux balbutiements. En France le projet EHop vise à regrouper toutes les sources de données médicales des CHU. Au CHU de Rennes, 210 millions de données sont stockées, représentant 29 millions de documents concernant 1,6 million de patients. Une goutte d'eau et un bon début.
En matière de personnes âgées il serait facile de collecter l'ensemble des données médicales des résidents d'EHPAD, toutefois cela ne semble intéresser personne... Pourtant Korian qui travaille les données médicales de ses résidents (10 818 résidents de 99 EHPAD) réussit à vérifier l'intérêt des prescriptions d'antalgiques et émet des recommandations à ses équipes soignantes visant à améliorer l'usage des antalgiques en EHPAD grâce à cette étude, et à faire des économies. Avec un plan national, on pourrait aller bien plus loin...