L'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA) a rendu public, en janvier 2024, les résultats de son enquête visant à mettre en lumière les attentes des citoyens dans le domaine des pratiques complémentaires. Les résultats révèlent un usage important mais des difficultés d'accès.
Pratiques complémentaires : les citoyens plaident pour une meilleure information
Menée dans le cadre de la participation de l'A-MCA aux travaux ministériels portant sur les pratiques complémentaires, l'enquête a permis d'analyser les réponses de 1 244 personnes. « Les résultats font état d'un usage massif des pratiques complémentaires mais aussi de difficultés d'accès à tous les niveaux, avec des attentes citoyennes pragmatiques », observe Véronique Suissa, directrice de l'A-MCA, précisant que les seniors ne constituent qu'un faible pourcentage des répondants. Si les très jeunes seniors (52-60 ans) sont représentés (22 %), seulement 4 % des plus âgés (70-78 ans) ont répondu au sondage. Un constat qui pose clairement la question de la place et de l'accès à la prévention de ce public. Les répondants pointent justement l'importance de la prévention (96 %) mais un tiers d'entre eux considère ne pas être au fait des bonnes pratiques. Du côté des médecines complémentaires, 99 % des répondants les utilisent massivement de façon très régulière (50 %) ou régulière (26 %) en les cumulant la plupart du temps (98 %). Ces chiffres confirment leur satisfaction à leur usage (95 %). Ils sont d'ailleurs 70 % à les utiliser en prévention et pour leur qualité de vie en complément médical en cas de fragilité.
Coût des pratiques et sérieux des praticiens
Les résultats de l'enquête pointent par ailleurs un recours important des usagers à l'ostéopathie (82 %), aux massages (76 %), aux compléments alimentaires (67 %), aux plantes/tisanes (66 %), à l'homéopathie (66 %) et à la naturopathie (62 %). Mais si 55 % d'entre eux ont pu accéder à ces pratiques à moindre coût, ce n'est pas le cas pour 45 % des répondants. Ils sont d'ailleurs 91 % à souhaiter que les mutuelles remboursent mieux ces pratiques, et 76 % se disent prêts à en changer pour accéder à un meilleur remboursement.
Autres freins pointés du doigt : la difficulté à trouver un bon praticien (84 %), à connaître l'utilité d'une pratique (63 %), à accéder à des informations fiables dans le domaine (58 %) ou à se faire conseiller/orienter (51 %). Ils sont, de fait, 86 % à souhaiter trouver plus facilement des « praticiens qualifiés », 76 % à vouloir que des normes de formations soient imposées et 57 % réclament la réglementation de certaines pratiques pour les encadrer/sécuriser. Enfin, ils plaident pour un meilleur accès géographique aux pratiques (proximité du lieu de vie, du travail). Leurs attentes concernent à la fois des pratiques non réglementées telles que la naturopathie et la réflexologie, et des pratiques déjà légalisées à savoir l'ostéopathie, l'acupuncture ou l'homéopathie. « Nous constatons que les attentes des citoyens sont en décalage avec les sujets traités par le groupe ministériel », précise Véronique Suissa. À titre d'exemple, la lutte contre les dérives (26%), le parcours usagers et patients (21%) ou encore l'évaluation des pratiques (16%) sont rarement évoqués. Les demandes sont plus pragmatiques et répondent à des besoins immédiats. L'ensemble des priorités ministérielles restent toutefois complémentaires dans le cadre d'une approche constructive sur le long terme. « À l'aune de ce sondage, les axes de travail ministériels gagneraient sans doute à intégrer les attentes des citoyens, ce qui est une piste tout à fait probable au regard de la volonté collective du groupe d'éclairer et d'outiller le grand public », conclut Véronique Suissa.