Le ministère de la Santé et de la Prévention a constitué au printemps un comité d'appui pour l'encadrement des pratiques de soins non conventionnelles (PSNC), auquel participe l'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA). Sa création témoigne du besoin de cadrer les pratiques et les usages.
Pratiques complémentaires : les conclusions du comité d'appui ministériel fortement attendues
Lors de la première réunion du comité, qui s'est tenue fin juin, Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, a rappelé la finalité d'un tel travail : agir pour la qualité et la sécurité des soins des usagers du système de santé. La réflexion porte plus particulièrement sur trois axes : la cartographie des pratiques et la notion d'évaluation ; la formation des professionnels ; le parcours et les points d'accès aux pratiques complémentaires. « Ce besoin exprimé par la tutelle l'est également à plusieurs niveaux dans la société, notamment par les directeurs d'Ehpad », souligne Véronique Suissa, directrice de l'A-MCA. Les seniors se sont saisis de longue date des pratiques complémentaires, ne serait-ce que par une attention croissante portée à leur santé et à leur bien-être (activité physique adaptée, diététique, compléments alimentaires...). « De fait, la création de ce comité est un signe fort », estime Véronique Suissa.
Donner des repères
La société comme les institutionnels attendent de disposer de repères sur les pratiques complémentaires. « De nombreux directeurs d'Ehpad permettent déjà à leurs résidents de bénéficier de ces pratiques, rappelle la directrice de l'A-MCA. Pour autant, nombre d'entre eux souhaitent des éclaircissements sur les possibilités qui leur sont offertes car la législation reste imprécise dans ce domaine. Finalement, au-delà des conclusions du comité, ils attendent du ministère une posture claire sur le sujet. »
Les gérants de Pôles d'activités et de soins adaptés (PASA) pour les personnes atteintes de troubles cognitifs y sont particulièrement attentifs. « Les activités proposées au sein de ces pôles valorisent le non médicamenteux et relèvent à la fois de pratiques officielles telles que la kinésithérapie, la psychomotricité, le soutien psychologique ou encore l'ergothérapie, et de pratiques complémentaires comme l'art-thérapie, la relaxation ou des ateliers autour du bien-être, énumère Véronique Suissa. De fait, même au sein de structures relevant d'un dispositif d'État, le recours aux activités complémentaires est certes déjà très présent, mais interroge dans son déploiement hétérogène. »
Des questions sont également soulevées vis-à-vis des soignants et non soignants formés à ces pratiques : qui fait quoi et pour quel usage auprès des résidents ? « L'enjeu est réel pour le bien-être et la santé des seniors », insiste Véronique Suissa, rappelant que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait publié en 2018 un rapport Protéger et respecter la citoyenneté de la personne âgée - prévention du risque de dérives sectaires en établissements sanitaires et médico-sociaux, au sein duquel certaines pratiques étaient pointées. « Il est important d'apporter des repères structurants sur ce qui gagnerait ou non à être déployé car les citoyens, notamment les seniors, les utilisent au quotidien. Les résidents des Ehpad représentent un public fragile qu'il importe de protéger. »