Pour dispenser des pratiques complémentaires, les praticiens doivent avoir suivi une formation reconnue et posséder une réelle expertise. Comment les établissements s'assurent-ils de leur juste choix ? Des critères de sélection peuvent être appliqués.
Pratiques complémentaires : quels critères de sélection pour choisir les praticiens ?
Lors des Assises de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui se sont tenu début mars au ministère de la Santé, la ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, a annoncé sa volonté d'encadrer les pratiques de soins non conventionnelles (PSNC). Un comité d'appui, composé d'experts et de représentants associatifs, dont l'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA), s'attelle à l'élaboration d'une cartographie des PSNC ainsi qu'à leur classification. Objectif affiché : distinguer, de manière claire pour les usagers, les pratiques déviantes de celles utilisées par les professionnels de santé ou les praticiens dûment formés.
Les critères de choix
Outre la classification des pratiques, un autre enjeu, de taille, repose sur l'identification des praticiens. Comment s'assurer de leur sérieux et sur quels critères faire reposer le choix des directeurs de structures souhaitant faire bénéficier leurs résidents de telles pratiques ? L'A-MCA, qui dispose d'un vaste réseau de praticiens, a élaboré un processus minutieux de sélection.
Tout d'abord, un questionnaire général doit être rempli par le praticien afin de s'assurer notamment de sa formation initiale et continue. Un deuxième questionnaire permet ensuite d'analyser plus finement son propre rapport à la profession et d'obtenir des précisions sur son expérience et ses spécialisations. Le praticien doit également fournir des documents clés, tous vérifiés manuellement, tels que la reconnaissance réglementaire ou universitaire du diplôme, ses spécialisations en lien avec la pratique. « En l'absence d'encadrement, les diplômes ne sont pas un gage suffisant de qualité/sécurité et certains praticiens, même bien diplômés, peuvent dispenser en parallèle des pratiques douteuses ou adopter une posture inappropriée, pointe Véronique Suissa, directrice de l'A-MCA. Pour cette raison, l'équipe de l'A-MCA effectue systématiquement une analyse approfondie des données Internet concernant le praticien. »
Rencontrer le praticien
Après avoir élaboré une synthèse des données récoltées, un tiers de l'écosystème interne de l'A-MCA assure une double vérification. Si tous les voyants sont au vert, le candidat est convié à un entretien d'une trentaine de minutes, afin d'explorer des critères de posture, comme sa capacité à définir clairement sa pratique ou son adaptation en cas de fragilité de l'usager. À l'issue de l'entretien, des membres d'une commission interne analysent la candidature puis décident de l'intégration ou non du praticien dans son réseau. « S'il est intégré, nous pouvons alors le recommander ou le solliciter pour des interventions », précise Véronique Suissa.
Ces différentes étapes, lourdes à mener, « sont néanmoins cruciales pour cette action d'intérêt général et nous assurer de la légitimité du praticien à intervenir dans la pratique qu'il entend maîtriser et auprès du public visé », soutient Véronique Suissa avant de conclure : « Il est impératif que l'ensemble des structures faisant appel à des praticiens intervenant dans le champ des pratiques complémentaires se dotent d'une procédure de sélection afin de garantir son sérieux et ainsi ne pas mettre en danger les bénéficiaires. »