L'animation serait-elle la première des médecines auxiliaires ? Entre paroles de ministres et expériences terrain, l'hypothèse est à étudier.
Première thérapie non-médicamenteuse
Dans un récent communiqué, Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, Valérie Fourneyron, Ministre des Sports, présentaient un plan issu d'« une politique publique ambitieuse, destinée à promouvoir l'APS (activité physique et sportive), pour tous et toutes à tous les âges de la vie ». Avec une attention spéciale pour les seniors, sédentaires et malades chroniques... « Le sport, plutôt qu'une longue liste de médicaments », soulignait le tandem.
La phrase peut se décliner au profit de l'animation. « L'animation, plutôt qu'une longue liste de médicaments », sonne assez bien aussi. Mieux, les établissements et services prenant soin des personnes âgées l'ont mis en oeuvre depuis longtemps, sans recherche même d'un impact sur les prescriptions médicamenteuses. Au coeur de la démarche, une conviction : l'animation, spécialement en Ehpad, joue un rôle clé dans l'équilibre de la personne, la préservation de ses qualités physiques, neurologiques, la pérennité de sa personnalité. Bref dans ce « bien vieillir » qui fleurit dans les discours autour de la prévention. Positionnée au coeur du projet d'établissement, multidisciplinaire et bien sûr fondée sur le parcours de vie de la personne, l'animation s'impose donc comme un facteur de bien vivre.
Petits défis et grande fierté
Si elle est physique, l'activité d'animation ralentit la perte d'autonomie. Tai-chi, gymnastique douce, danse, tournoi intergénérationnel gentiment sportif, les voies de l'APS sont nombreuses... et innovantes. Certains EHPAD, par exemple la maison de retraite RPA à Château Gaillard, installent un parc d'activité physique dans leurs jardins. Au programme, motricité fine, renforcement musculaire, espaces colorés et bavardages en plein air, petits défis et grande fierté de soi. « Les résidents discutent en faisant du sport, un peu de vélo, de la gymnastique. [... ]Certains sont dans le parc à 8 heures le matin, d'autres en fin d'après-midi », s'exclame le directeur.
Dans une résidence des Jardins de Cybèle, l'heure est à l'équithérapie. Là encore, entre caresses et alimentation, on trouve activité physique, conversations, voire sentiment d'utilité. Les résidents racontent : ils ont touché le cheval, la prochaine fois, ils le nettoieront !
Ceux qui découvrent une activité sont ravis. Ceux qui la connaissaient et l'appréciaient en tire un autre bénéfice. En revivant des sensations aimées, ils rentrent dans leur bulle. « Nous avons tous un besoin vital d'un "espace cabane" et d'un "temps pour nous y réfugier" », écrivait Jacques Pluymaekers, psychologue thérapeute familial. Une activité qui fait écho à un parcours de vie offre cet espace-cabane, ce refuge face à une vie en collectivité pas toujours choisie.
Enfin, et même quand elle n'est pas orientée vers l'activité physique, l'animation contient le mouvement, celui qui est inhérent à tout projet. Avoir un rendez-vous, c'est être en mouvement « vers ». Vers le jardin, sa fille, la peinture..., c'est se projeter, penser à l'avenir. Un droit un peu oublié, que l'animation redonne la personne âgée.
Marie Suzel Inzé
* « L'institution, quand on a plus que son lit comme cabane ! », 2006