Pour la première fois, notons-le combien c'est rare, c'est le premier ministre qui s'est emparé du sujet majeur de la "seniorisation" de la société en lançant lui-même la phase de concertation de la Loi d'orientation et de programmation sur l'adaptation de la société au vieillissement.
Premiers pas vers une société de l'allongement de la vie
Enfin, on passe de la dépendance à l'adaptation de la société. Il ne s'agit pas de répondre à des problématiques catégorielles d'une partie de la population ou de faire face à, ce qui est bien sûr nécessaire, à la souffrance ou au mal vivre, mais de poser un acte fondateur permettant de construire la société d'après.
Rappelons d'abord qu'intervenir sur ce sujet c'est s'adresser directement à 30?% de la population. Et indirectement à 100?% des habitants du pays. Ce qui est en jeu c'est de réussir une démarche de mutation radicale et évolutive. Une politique d'adaptation de la société à l'allongement de la vie passe par une priorité donnée à la prévention et à l'adaptation de l'environnement aux personnes en fragilité et par une véritable politique de soutien aux aidants professionnels et bénévoles. Cela signifie une vision claire d'un avenir où les plus âgés ne seront plus des parias sociaux mais reconnus comme des acteurs du développement économique, culturel et social.
Vieillir à domicile
Quelles que soient ses insuffisances et ses limites, il faut se réjouir de la dynamique portée par le projet de Loi. Michèle Delaunay a su porter au plus haut niveau de l'État, et dans une période peu propice, tant sur le plan économique que culturel, une volonté de transformation réelle de la situation des plus âgés mais aussi une approche de ces questions plus positive et plus allante. Le projet de loi s'inscrit dans une logique de soutien aux personnes qui veulent vivre et avancer en âge à domicile. Cela implique un effort sur l'adaptation des logements et la prise en compte de la dimension territoriale. La loi Delaunay redonne aux Départements le rôle majeur de conduire les politiques d'adaptation au plus près des besoins des populations. Vieillir dans un village rural, n'est pas identique à prendre de l'âge au coeur d'une métropole. L'Assemblée des Départements de France a bien saisi l'importance de cette perspective. La volonté de favoriser l'adaptation des logements, de relancer la question des Logements-Foyers et d'accroître les financements en faveur de l'APA à domicile, n'est pas une mince affaire. Cela va favoriser l'activité sur les territoires et l'innovation sociale de proximité.
Droit au répit
L'autre aspect particulièrement positif concerne le soutien aux aidants bénévoles. L'APA à domicile pourra, par exemple, être mobilisée pour financer des espaces de répit. Un droit minimal au répit - et plus largement au soutien des aidants - devrait progressivement être institué dans les faits. Certes, nous sommes très loin d'une reconnaissance et d'un soutien suffisant à ces acteurs majeurs d'une société du care, mais les choses avancent.
Il reste de nombreuses questions en suspend, dont l'enjeu de la modernisation et du renouvellement du rôle des maisons de retraite médicalisées, mais ne boudons pas le plaisir de voir la société avancer dans la bonne direction.