Convaincue que le sujet du vieillissement concerne l'ensemble de la société, Valérie Egloff, cadre infirmier et adjointe au maire du Havre en charge de la santé des personnes âgées1 a immédiatement accepté d'associer son nom à l'organisation des États généraux de la séniorisation.
Prendre toutes les dimensions en considération
« La crise sanitaire a mis en lumière toutes les fragilités de la société. Elle a surtout touché les seniors mais aussi les personnes précaires et celles qui sont isolées. Le but de ces États généraux est de faire prendre conscience à l'État et à l'ensemble de nos concitoyens de toutes nos faiblesses ». Face à la situation vécue par les Ehpad, l'élue ne cache pas sa colère : « On ne parle que des Ehpad en négatif, sans jamais évoquer notre société maltraitante qui ferme les yeux sur le regroupement de dizaines de personnes fragiles, insuffisamment accompagnées par manque de personnel. Dans notre région, l'Agence régionale de santé a refusé la distribution de masques aux salariés de ces établissements alors que les Directeurs avaient déjà mis en place les isolements ».
Et l'élue de regretter au-delà des reports incessants du projet de loi Grand âge et autonomie, l'absence depuis 2017 de Ministres ou de Secrétaires d'État dédiés au grand âge tout comme le fait de ne jamais aborder le sujet en termes de richesses. « L'accompagnement du vieillissement représente des milliers d'emplois de proximité - et la crise a mis en lumière combien ils étaient utiles -, mais aussi un levier pour l'économie locale. Les États généraux vont permettre cette prise de conscience collective en interrogeant tous les secteurs et tous les acteurs de la société. Je pense par exemple à l'Éducation nationale qui dévalorise depuis trop longtemps certains emplois. »
Deux autres thématiques ont été défendues avec force par Valérie Egloff : le besoin de renforcer la prévention et l'éducation à la santé - « Qui nous parle de nos défenses immunitaires et des moyens de les renforcer ? » - et aussi, une nouvelle approche de la mort. « Cette crise a empêché un certain nombre de familles de faire leur deuil. Or nous ne pouvons pas nous séparer brutalement, sans rituel. Notre société occulte depuis trop longtemps le temps de la mort et du deuil. Ce sera donc aussi le moment de l'évoquer, individuellement et collectivement ».