La prestation pharmaceutique au sein des EHPAD subit des évolutions extraordinaires vers plus de sécurité, de suivi, de transparence. Reste que les moyens mis en oeuvre sont assez disparates d'un établissement à l'autre...
Préparation et distribution des médicaments en maison de retraite
Si le résident est libre de choisir de son pharmacien dispensateur, dans la pratique c'est l'EHPAD qui se voit chargé d'organiser le circuit du médicament avec les médecins de ville, les officines ou la PUI, les médecins coordonnateurs et les infirmières. Cela fait beaucoup d'intervenants. Une fois la prescription rédigée elle est transmise à l'EHPAD qui la remet au pharmacien (interne ou externe).
Dans le cas où une pharmacie d'officine en est chargée, le circuit du médicament est plus ou moins complexe: soit la pharmacie envoie les boîtes à l'établissement et c'est l'infirmière qui prépare ses chariots, soit la pharmacie se charge de la préparation et envoie les piluliers prêts à être utilisés, soit elle envoie des plaquettes par patient, ou alors c'est un système automatisé utilisant un robot qui prépare les doses sous forme de sachets.
Avantage des sachets : ce qu'il y a dans le sachet peut être écrit dessus, ainsi que le nom du patient, alors que le pilulier ne permet pas de savoir ce qui a été introduit dedans, sauf pilulier "amélioré". Le système automatisé permet également de préparer les doses à l'avance notamment si le résident part pour la journée ou plusieurs jours.
Le robot de préparation permet un gain de temps d'un demi poste ETP par rapport à la préparation manuelle d'un pilulier et le taux d'erreur des préparations manuelles est fortement réduit. Mais la dispensation journalière individuelle nominative (DJIN) doit se concevoir dans une intégration informatisée du dossier médical dans son ensemble et du dossier du résident.
A noter que selon le rapport de la Meah (juillet 2007), les principaux types d'erreurs rencontrés sont les suivants: erreurs de dose (37%), erreur de médicament (18,5%), erreur de patient (9%), erreur de posologie (10%), erreur de suivi thérapeutique (9%), erreur d'omission de dose (9%), erreur de forme galénique (2,5%), erreur de voie d'administration (1,3%). De telles statistiques donnent le frisson !
Peut être cela explique-t-il que le marché est en cours d'équipement de robots de préparation (25% du marché environ)...
Le choix du pharmacien
Le rôle du pharmacien est d'être bien connecté à l'EHPAD, le plus près possible du temps réel. Mais son rôle est aussi de sécuriser la préparation et la distribution en partenariat avec les établissements. Le pharmacien est également un maillon essentiel dans l'évaluation des consommations de médicaments et dans la maîtrise de la iatrogénie. La poly médication des personnes âgées est très importante : 6,2 médicaments par jour et par sujet âgé (selon la DREES 2011). C'est aussi un maillon important pour éviter la prise de médicaments inutiles en collaboration avec le médecin coordinateur (notamment concernant les antibiotiques et les neuroleptiques). Le pharmacien joue aussi son rôle dans l'orientation de la prestation vers l'emploi accru de médicaments génériques, ce qui ne fait pas de mal aux personnes âgées et fait du bien au budget de la sécurité sociale...