Les pathologies artérielles et veineuses sont fréquentes chez les personnes âgées. Particulièrement handicapantes puisqu'elles affectent qualité de vie et autonomie, elles peuvent faire l'objet d'une prise en charge préventive ou curative.
Prévenir et soulager les pathologies artérielles et veineuses
Outre les problèmes d'arthrose, deux causes principales provoquent des douleurs au jambes : les pathologies artérielles et les pathologies veineuses.
L'artériopathie oblitérante des membres inférieurs
Les causes
« Les pathologies artérielles sont causées par des artères obstruées, explique le Dr Sébastien Gracia, angiologue à Puilboreau (17), membre de la Société française de phlébologie. L'âge est un facteur de risque d'atteinte artérielle, ce qui justifie l'augmentation de leur incidence dans notre société. » La douleur à la marche est le premier symptôme de l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs, liée au rétrécissement du diamètre d'une artère, qui diminue l'apport de sang, donc d'oxygène aux muscles. Plus l'artère est obstruée, plus la douleur se pérennise. « La situation devient inquiétante lorsque la personne âgée manifeste des douleurs au repos, preuve que l'atteinte de l'artère est particulièrement importante », prévient le Dr Gracia.
Les prises en charge
Si une personne âgée se plaint de douleurs aux jambes, la première étape consiste à agir sur les facteurs de risque : le diabète, l'hypertension et le cholestérol, particulièrement fréquents avec l'avancée en âge. « Nous pouvons optimiser les traitements pour chercher à mieux équilibrer les pathologies et ainsi éviter l'obstruction des artères », rapporte le Dr Gracia. Il est également possible d'envisager une intervention chirurgicale préventive dès la manifestation de douleurs à l'effort, afin d'anticiper une éventuelle obstruction totale des artères. En cas de douleurs au repos, un traitement chirurgical - l'angioplastie - peut être requise. Cependant, « pour les patients âgés, la décision d'opérer est parfois difficile à prendre, prévient-il. Les pathologies associées, notamment cardiovasculaires, peuvent conduire à une contre-indication à une anesthésie générale, indispensable pour ce type d'intervention ». Les soins palliatifs peuvent alors être envisagés.
Dans les cas les plus graves d'artériopathie oblitérante, le manque d'oxygène peut conduire à des problèmes ischémiques, l'amputation s'avère alors être l'unique solution.
Les actions de prévention
Pour éviter cet extrême, les actions préventives sont à privilégier, en lien avec les habitudes de vie, notamment en cas de facteurs de risques. « Il est possible d'effectuer un bilan échographique initial afin d'instaurer un suivi adapté », encourage le Dr Gracia.
Parmi les actions simples à déployer : la mobilisation. « Plus la personne âgée marche, mieux c'est, mais en cas de perte d'autonomie, ce n'est pas toujours facile à mettre en place, notamment en structure », reconnaît-il.
L'insuffisance veineuse
Les causes
L'insuffisance veineuse touche les personnes dont les veines dysfonctionnent. La manifestation principale ? Les varices visibles, puis la dégradation de l'état cutané en raison d'une stagnation du sang dans la partie inférieure des jambes. « Cette détérioration de la peau sur les 10, 20 voire 30 dernières années, peut causer un ulcère », alerte le Dr Gracia. L'hérédité représente le principal facteur de risque de l'insuffisance veineuse, à laquelle s'ajoutent le surpoids ou encore l'absence de mobilité. Les personnes âgées sont donc généralement à un état déjà avancé de la manifestation de l'insuffisance veineuse. « Si elles ont des varices à 90 ans, elles en avaient déjà à 50 ans », souligne le Dr Gracia.
Car si les problèmes d'insuffisance veineuse augmentent avec le vieillissement de la personne, ils sont généralement plus fréquents et précoces chez les femmes, soumises à de fortes variations hormonales au cours de leur vie. Le phénomène de jambes lourdes est majoré en période prémenstruelle et lors de la grossesse, où s'exerce une pression sur les veines des membres inférieurs. Le risque d'apparition d'une maladie veineuse chronique augmente également avec le nombre de grossesses.
Les prises en charge
La prise en charge de l'insuffisance veineuse consiste tout d'abord à compresser la jambe avec des chaussettes ou des bas de contention, afin de permettre au sang, qui stagne, de remonter dans la jambe. « Il est d'autant plus important de les porter que généralement, les personnes âgées sont peu actives », rappelle-t-il.
Il est également possible de limiter la stase veineuse sur le plan interventionnel avec des techniques de sclérose, de laser ou de radiofréquence. Le choix de la technique dépend de la situation du patient.
Les actions de prévention
L'action préventive consiste avant tout à traiter les varices le plus tôt possible, en amont des complications. « Dès lors qu'une veine ne fonctionne plus, il ne faut pas attendre l'ulcère pour agir », prévient le Dr Gracia. « Nous rencontrons encore de nombreux patients avec des ulcères car les techniques interventionnelles actuelles, moins invasives, sont récentes. Auparavant, les chirurgies étaient plus lourdes, moins efficaces et moins bien acceptées. » En cas d'ulcère, il est nécessaire d'adapter l'alimentation de la personne âgée, afin d'augmenter les protéines qui favorisent une meilleure cicatrisation. La mobilité permet également d'agir en prévention, car la marche assure un retour veineux efficace.