Un Ehpad n'est pas un hôpital. Pourtant, les résidents accueillis restent des personnes sensibles aux infections aux conséquences parfois graves. Une hygiène rigoureuse des locaux permet de limiter la propagation des virus.
Prévenir les infections grâce à une hygiène rigoureuse
Une réelle prise de conscience du risque infectieux
Il y a une quinzaine d'années, un groupe multidisciplinaire s'est formé, réunissant des experts de Centres de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CClin), d'antennes régionales de lutte contre les infections nosocomiales (Arlin) et d'Ehpad - pour rappel les 31 CClin et Arlin se sont réorganisés en 2017 en 17 Centres régionaux d'appui pour la prévention des infections associées aux soins (CPias). Ensemble, ils ont élaboré des fiches techniques pour aider les établissements à structurer leurs plans de prévention des infections. Ces documents couvrent des aspects variés, tels que l'organisation des soins, la gestion de l'environnement et des ressources. Aujourd'hui, les Ehpad s'appuient sur des recommandations strictes pour maintenir un niveau d'hygiène optimal. La priorité est donnée à la protection des résidents, notamment les plus fragiles. Le risque de complications en cas d'infection est élevé, et la diversité des intervenants dans ces structures augmente la probabilité de transmission des maladies courantes, telles que la grippe ou la gastro-entérite.
L'équilibre entre l'accueil des résidents comme des familles et la gestion du risque infectieux est donc délicat.
Choisir les produits comme les techniques de désinfection
La désinfection des surfaces repose sur un nettoyage minutieux, qui permet d'éliminer les salissures sans endommager les surfaces. Il prépare le terrain pour l'application des produits biocides, utilisés pour détruire les micro-organismes. Le choix de ces produits est crucial, car un mauvais usage peut engendrer des risques pour la santé et l'environnement, notamment en cas de surdosage.
Désormais, de plus en plus d'établissements se tournent vers des produits plus écologiques, limitant l'usage de désinfectants agressifs et toxiques, en particulier dans un contexte de résistance aux antibiotiques et de protection de l'environnement.
Un secteur qui s'organise
Le bionettoyage a aujourd'hui le vent en poupe. Les hygiénistes et professionnels du nettoyage ont été particulièrement sollicités durant la crise sanitaire, ce qui a révélé le besoin d'organiser et structurer le secteur. « C'est là qu'on a commencé à parler vraiment d'hygiène des locaux et de bionettoyage », confirme Stéphanie Burel, présidente de la toute jeune association des responsables de bionettoyage en santé (ARBS), et elle-même responsable du bionettoyage du CHU de Toulouse (31). « Le volet managérial et la formation des acteurs sont cruciaux. Beaucoup d'établissements mixent les réponses en combinant salariés intégrés et prestataires extérieurs. Il est dès lors d'autant plus essentiel de former, accompagner et évaluer pour vérifier l'adoption des bonnes pratiques et protocoles établis. » Les équipes doivent maîtriser les fondamentaux concernant les agents pathogènes et les protocoles de désinfection. Le port d'équipements de protection pour les agents, la chronologie dans le nettoyage, sont autant d'éléments qui permettent de protéger les agents, leurs familles comme l'ensemble des intervenants de l'Ehpad, « même s'il est vrai que le risque infectieux est naturellement moins fort en Ehpad qu'à l'hôpital ».
Des outils facilitants
La préoccupation écologique et la volonté de réduire l'exposition des personnes aux produits chimiques invitent à accélérer la recherche et voient déjà se démocratiser de nouveaux usages. « Les bandeaux microfibres, par exemple, qui permettent de laver les sols à l'eau claire, ou la "cobotique", qui favorise la collaboration entre les agents et les machines », précise Stéphanie Burel. Les outils automatisés et les systèmes de dosage intégré, comme les centrales de dilution, « les machines autolaveuses ou les aspirateurs qui avancent seuls à domicile permettent de réduire le contact direct du personnel avec les produits chimiques ».
Retour aux biocides en cas d'infection
Mais attention, dès lors qu'un risque d'infection est avéré, l'application d'un mode opératoire avec précautions complémentaires est nécessaire. Une attention particulière est portée aux différentes zones classées selon le risque infectieux, telles que les lieux communs, environnements de soins, toilettes, poignées de porte et rampes. Mais le lavage et la désinfection des mains, tant pour les résidents que pour les soignants, restent les mesures les plus efficaces pour limiter la propagation des infections.