Le bilan du Programme national nutrition santé (PNNS) 2019-2023 est l'occasion de faire le point sur l'objectif 17 lié à la lutte contre la dénutrition des personnes âgées. En revanche l'objectif 18 sur la bonne alimentation, la limitation du gaspillage alimentaire et la garantie des approvisionnements locaux et de qualité dans les établissements médico-sociaux a raté sa cible.
Prévention et dépistage de la dénutrition : le bilan du PNNS4
En France en 2018, on estimait à 2 millions le nombre d'individus souffrant de dénutrition, dont 270 000 en Ehpad et 400 000 personnes âgées à domicile. Le dernier Comité de suivi du 4e Programme national nutrition santé 2019-2023 (PNNS4) s'est réuni le 20 juin pour en restituer le bilan auprès des parties prenantes, dans la perspective de la Stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat et du prochain PNNS 2025-2030. Ce bilan a été publié le 2 août. Géroscopie retient celui des objectifs 17et 18 : « Prévenir la dénutrition » et « Développer des actions de dépistage, prévention et surveillance de l'état nutritionnel des personnes en situation de vulnérabilité dans les établissements médico-sociaux ».
L'objectif 17 : des expérimentations réalisées ou en cours
Depuis 2020, se tient chaque année en novembre une Semaine nationale de la dénutrition, organisée par le Collectif de lutte contre la dénutrition avec une mobilisation croissante des acteurs, tant au niveau national que local (action 37), à laquelle 17% des Ehpad ont participé en 2023. Au-delà de cette sensibilisation grand public, la priorité est donnée au dépistage précoce de la dénutrition chez les seniors (action 38). Citons, parmi les projets réalisés ou en cours de réalisation :
- Le projet D-NUT (2021-2023), une expérimentation article 51 qui cible 1 500 seniors de plus de 60 ans dénutris et vivant à domicile en Pays de Loire inscrits dans un parcours coordonné par l'infirmier (157 professionnels formés) pour un budget total de 1 310 400 d'euros. Le projet repose sur des forfaits de financement collectif (4 mois), renouvelables 2 mois ;
- Le projet Parcours nutri'âge (2021-2024) porté par une association gérontologique en région Hauts-de-France : prise en charge des situations à risque de dénutrition (sur l'appui des recommandations de la HAS) au domicile de la personne âgée de 60 ans et plus, par une équipe pluri-professionnelle. Le projet repose également sur un financement par forfaits (4 et 2 mois). L'expérimentation cible 140 personnes âgées pour un budget de 368 835 d'euros ;
- Le projet Nutriker (2021-2025) porté par le CHU de Rennes en Bretagne : parcours de soin personnalisé et coordonné entre l'hôpital et la ville des patients diagnostiqués dénutris à l'hôpital (une phase à l'hôpital, une phase de suivi coordonné en ville a minima par un infirmier libéral, le médecin traitant, le diététicien). Le projet repose aussi sur un système de forfaits. L'expérimentation cible 663 personnes pour un budget total de 738 000 d'euros.
Objectif 18 : on change de fusil d'épaule
Le secteur social et médico-social occupe une place importante dans la restauration collective en France, en représentant près d'un tiers (30,9 %) des repas servis mais l'actualisation de leur charte nationale pour une alimentation responsable et durable n'a pas été actualisée comme initialement prévu (action 39). Signée en 2017 entre la ministre chargée de la santé et le ministre chargé de l'agriculture pour promouvoir une bonne alimentation, limiter le gaspillage alimentaire et garantir des approvisionnements locaux et de qualité.
En revanche dans le cadre de la loi Bien vieillir du 8 avril 2024, l'article 30 instaure un cahier des charges nutritionnel au sein des établissements médico-sociaux accueillant des personnes âgées. D'où changement de fusil d'épaule. Dans la perspective de la publication du décret qui définira le cahier des charges nutritionnel, un groupe de travail sera mis en place d'ici à la fin de l'année associant l'ensemble des parties prenantes. En parallèle, des travaux sont en cours avec le Conseil national de l'alimentation, notamment pour améliorer le rôle du référent alimentation.
Quasi chou blanc aussi pour l'action 40 « Améliorer la formation initiale et continue des professionnels travaillant dans les établissements médico-sociaux », pour cause de... non participation des professionnels aux formations continues proposées.