Quelle sera la véritable liberté de choix du médecin coordonnateur d'accepter ou non la demande de suivi médical du résident, la question reste posée. Quant à la télécoordination, sa reconnaissance officielle, une bonne chose, entraîne des questions nouvelles en cascade.

Projet de décret : l'opposition unanime des médecins coordonnateurs
Nous l'avons vu, les infirmières coordinatrices peuvent attendre un début de reconnaissance du futur décret relatif aux missions des infirmiers coordonnateurs et médecins coordonnateurs en Ehpad. Malgré son manque de précision et son incomplétude. En revanche, le projet de texte validé le 8 avril par le Comité national de l'organisation sanitaire et sociale suscite l'opposition unanime des syndicats des médecins coordonnateurs, Ffamco-Ehpad, MCoor et SMCG-CSMF.
D'abord, il remet une pièce dans la machine sur la possibilité pour les médecins coordonnateurs, actée par la loi Valletoux du 27 décembre 2023, d'assurer le suivi médical des résidents qui le souhaitent pour lesquels ils peuvent réaliser des prescriptions médicales.
Sur ce sujet, Pascal Meyvaert, président du SMCG-CSMF rappelle les deux points de crispation restés sans réponse :
- Si le médecin coordonnateur peut assurer le suivi médical de résidents, quel sera sa véritable liberté de choix d'accepter ou non la demande du résident, en particulier en cas de pression de la direction de l'Ehpad ? « Ce prétendu choix ne lui sera-t-il pas in fine imposé? »
- Pour mémoire, la profession réclame depuis plus de 10 ans deux contrats distincts avec donc deux rémunérations distinctes : « si ce n'est pas le cas, le soin va écraser la coordination qui va finir par disparaître et par conséquent aussi le métier de médecin coordonnateur en Ehpad». Il y a par ailleurs « une anomalie à souligner » puisque sur le même temps de travail, le médecin coordonnateur est sensé assurer le soin (à la charge de l'assurance-maladie) et la coordination (à la charge des ARS), donc deux rémunérations sur le même temps.
La télécoordination, un casse-tête ?
Un sujet nouveau suscite des questions nouvelles en cascade : la télécoordination. Le projet de décret dispose qu'en cas d'impossibilité pour l'Ehpad de disposer du temps de coordination prévu, il peut recourir « de manière temporaire » à un médecin coordonnateur extérieur « et de manière dématérialisée », dans des conditions qui seront prévues par arrêté.
La reconnaissance officielle de la télécoordination en Ehpad est accueillie favorablement mais un ajout de deux mots essentiels est demandé « de manière temporaire OU complémentaire ». Si l'objectif est bien de privilégier la présence du médecin coordonnateur sur site, il est préférable qu'il y en ait en télécoordination que pas du tout, ou même de façon partielle en complément donc d'un médecin coordonnateur en présentiel. En effet les médecins coordonnateurs sont en moyenne à 0.6 ETP dans les 7500 Ehpad ce qui nécessite donc près de 4500 praticiens pour couvrir les besoins. Or leur nombre est estimé à moins de 3000 « ce qui rendrait donc le texte caduc au moment même de son application ».
Mais en cas d'adoption de principe d'une télécoordination complémentaire, il faudrait alors supprimer la disposition du décret du 9 juillet 2024 qui limite le nombre de médecin coordonnateur à un si l'Ehpad propose moins de 200 lits.... Et prendre en considération le fait que le médecin coordonnateur effectuant de la télécoordination est employé par un prestataire de télécoordination et non par l'Ehpad lui-même, ce qui remet en question son lien avec lui et sa direction.
Bref, un casse-tête !