Quand des lycéens enquêtent sur l'image des maisons de retraite
Le métier de directeur d'établissement sanitaire et médico-social ne se résume pas à un travail de gestion. Il est aussi l'occasion de développer des projets citoyens.
Un des thèmes riches de sens dans notre société, où jeunes et seniors vivent souvent dans des mondes cloisonnés, est le thème de l'intergénérationnel. Et toutes les occasions sont bonnes pour promouvoir la rencontre des jeunes et des moins jeunes !
A l'occasion de l'élaboration du projet d'établissement du Centre de Gérontologie de Boulogne Billancourt, Marie-Anne FOURRIER, Directrice des Abondances a ainsi décidé d'aborder la partie diagnostic de ce projet à travers une démarche ouverte sur la ville en impliquant des jeunes dans le processus. Tout projet d'établissement commence en effet par une démarche d'audit dont une des composantes est l'étude de l'image de marque de l'établissement. Pour définir les objectifs à venir et les activités à développer dans les cinq prochaines années, il faut en effet savoir dans quelle mesure l'établissement a une bonne image auprès de la population et répond bien à ses attentes.
Un projet gagnant/gagnant
"Afin de donner un sens à cette démarche, j'ai décidé d'impliquer des jeunes d'un des lycées boulonnais voisins en bâtissant un partenariat qui réponde à la fois à l'objectif d'initier les jeunes aux métiers et à l'univers de la gérontologie, et de demander en contrepartie à ces jeunes de réaliser une grande enquête auprès de la population locale sur la perception des maisons de retraite et de notre établissement en particulier".
Communiquer sur l'établissement, connaitre l'image des Abondances dans Boulogne Billancourt, et surtout mieux cerner les attentes des Boulonnais vis-à-vis de l'établissement, tels étaient les objectifs de l'équipe.
Quant aux élèves de ST2S, il s 'agissait pour eux à la fois de découvrir de vivo le domaine du grand âge et de s'initier aux métiers du sanitaire et du médico-social auxquels ils se destinent, ST2S signifiant " Sciences et Technologie de la Santé et du Social ", tout en s'inscrivant dans le cadre de leur projet pédagogique sur la méthodologie des sondages et donc de développer des compétences utiles dans le cadre de leur formation.
Le projet a vu le jour grâce aux énergies conjuguées de deux professeurs, Mme LAIDI et de Mme DAHAN, de la responsable de la vie sociale et culturelle de l'établissement, Mme Fadda-Huet et de la directrice adjointe chargée de la communication, Mme Michaloux.
Premier temps du projet : les jeunes ont appris à se familiariser avec les problématiques du grand âge et l'univers des maisons de retraite
Chacune des classes est venue en novembre 2014, les 3 et 7, passer une demi-journée aux Abondances, avec au programme déjeuner, projection de deux films réalisés sur les Abondances par d'autres jeunes (un jeune réalisateur en formation et une troupe de théâtre), présentation de tous les métiers de la gérontologie par les professionnels des Abondances (un gériatre, un cadre paramédical, un psychologue, une orthophoniste, un kinésithérapeute, une animatrice, une assistante sociale ...), occasion d'un échange riche entre jeunes et professionnels. Les jeunes ont ensuite pu visiter l'ensemble des services proposés par le Centre et des personnes âgées les fréquentant : Unité de soins de longue durée, soins de suite et de réadaptation, accueil de jour, hôpital de jour, EHPAD, PASA...
Cette fois-ci, c'est un groupe d'une dizaine de personnes âgées résidant aux Abondances qui s'est déplacé le 16 janvier 2015 au lycée Jules Marey à la rencontre des élèves qui les ont accueillis dans leur salle de classe pour un échange " à bâtons rompus ".
Deuxième temps du projet : l'élaboration des questionnaires et la réalisation de l'enquête
Après avoir approfondi en classe la problématique spécifique des institutions accueillant des personnes âgées en analysant une étude de la FHF sur " les Français et le grand âge " réalisée par la SOFRES les 23 et 24 avril 32009, les élèves ont bâti deux questionnaires distincts.
Le premier était destiné à être réalisé dans la rue, donc dans un temps très rapide, auprès d'un panel large de population afin d'avoir un point de vue intergénérationnel sur la question.
Le second questionnaire a été bâti à l'attention des personnes fréquentant les Clubs Seniors, dont le regard nous intéressait tout particulièrement car il s'agit de personnes âgées vivant à domicile et relativement bien portantes mais susceptibles d'être amenées à fréquenter l'établissement tôt ou tard, et dont le point de vue constitue donc un enjeu majeur. Il avait un format différent permettant de dialoguer d'avantage avec la personne interrogée.
L'enquête dans les clubs seniors le 6 mars
Les élèves se sont répartis dans les différents Clubs Seniors de Boulogne-Billancourt le lundi 23 mars 2015 recueillir le point de vue des aînés. L'accueil qui leur a été réservé fut très sympathique et les entretiens se sont bien déroulés. Les élèves ont apprécié le travail sur le terrain et le contact avec les seniors. Ces derniers ont été coopératifs, ouverts et disponibles pour répondre aux élèves.
L'enquête " trottoir " le 23 mars
L'enquête a été réalisée en face à face, dans la rue, aux abords du centre commercial de Boulogne Billancourt. Le questionnaire faisait 3 pages et comportait des questions regroupées par thèmes avec des réponses à choix multiples ou binaires. Les élèves ont recueilli 100 questionnaires et les ont ensuite analysés avec l'aide d'un outil informatique.
Les principaux résultats de l'enquête
Au sein des clubs seniors, 74% n'ont jamais envisagé entrer dans une institution avec trois raisons principales avancées. Pour une partie, cela dépendra simplement de leur état de santé alors que d'autres affirment plutôt leur volonté de rester chez eux où ils sont plus libres. Cette notion de liberté est centrale puisque quand on leur demande comment ils perçoivent les maisons de retraite par rapport aux clubs seniors, 82% mettent en avant la notion d'hébergement permanent, définitif, d'enfermement, pour des personnes qui ne peuvent agir ou reste seules. A l'inverse, les clubs seniors sont décrits comme des lieux où l'on est libre d'aller, et réservés à des personnes âgées en forme.
Enfin la troisième raison invoquée est la possibilité d'une prise en charge familiale.
Même pour les personnes qui ont envisagé cette entrée en institution, elles précisent que cela se fera " s'il n'y a pas d'autres choix ".
Pour les personnes interrogées dans la rue, 58% des sondés déclarent qu'ils n'ont pas pensé aller dans une maison de retraite ou installer un de leur proche, avec une différence entre les hommes et les femmes : ils sont la moitié pour les hommes à y penser, contre 37% pour les femmes.
Leur image des maisons de retraite n'est pas très positive puisque moins de la moitié en ont une bonne ou très bonne opinion.