La crise sanitaire a eu un impact majeur sur nombre d'activités, dont la formation. Les sessions de e-learning et les webinaires ont connu une forte montée en puissance ces derniers mois. Augurent-ils le modèle de demain ?
Quand la crise sanitaire révolutionne la formation
Toutes les activités de formation en présentiel ayant été stoppées pendant la crise sanitaire, les instituts de formation ont dû proposer des formules alternatives.
« Pour assurer la continuité pédagogique à distance, les centres de formation ont procédé à des échanges de modules et mis en place différents outils : webinaires, cours en visio-conférence, mise à disposition de ressources....», témoigne Diane Bossière, Déléguée générale de l'Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale (Unaforis). « Mais si le numérique est pleinement entré dans les pratiques professionnelles depuis déjà plusieurs années, la formation à distance à domicile a nécessité de déployer beaucoup d'ingéniosité, notamment pour les étudiants de niveau « infra-bac ». « Nombre d'entre eux ne disposaient pas du matériel informatique adapté. Pendant la crise, les centres de formation ont tout fait pour mettre à disposition les outils nécessaires grâce, souvent, au soutien des conseils régionaux », souligne Diane Bossière.
Le Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) a quant à lui fait le choix d'offrir 39 Mooc en accès libre via la plateforme Fun Mooc. « Notre Mooc intitulé « les fondamentaux de l'action sociale » a enregistré près de 5 000 inscriptions pendant le confinement. Par ailleurs, alors que nous réalisons en moyenne 700 webinaires ou classes virtuelles par mois, nous en avons proposé 4.500 en mai, essentiellement autour de la gestion de crise : les gestes barrières, la réglementation en matière funéraire, les réunions des instances, etc. Le webinaire, simple à réaliser, est ce qui se rapproche le plus du temps présentiel. Il facilite davantage les échanges de pratiques qui sont essentielles dans le champ médico-social », explique François Meyer, Directeur de l'offre numérique et événementielle au CNFPT. L'organisme de formation de la Fonction Publique Territoriale a également mis en place des micro-learning et des formations à distance autoportées en accès libre sur le site Wikiterritorial.
L'Institut France Alzheimer a également proposé sept conférences en ligne, gratuites, pendant la période de confinement sur différents sujets : Comment adapter les règles du confinement institutionnel en Ehpad afin de limiter les troubles du comportement ? Comment améliorer la communication avec les personnes malades dans le contexte du confinement ? Ou encore, Quelles animations proposer en Ehpad et à domicile en cette période qui aura été si particulière ? « Entre le 24 avril et le 19 mai, plus de 400 personnes ont suivi nos conférences en direct. D'une durée de 30 minutes, elles étaient conçues pour aider les professionnels sans leur prendre trop de temps », souligne Volodia Tourtchine, responsable formation qui présente cette expérience comme « une rampe de lancement pour mettre en place de nouvelles formations à distance dès la rentrée prochaine ». Des classes virtuelles seront ainsi organisées en limitant à dix le nombre de participants « afin de préserver une dynamique de groupe ». Dès cet été, les formateurs de L'Institut seront formés à ces nouvelles modalités d'apprentissage.
Validation de l'acquisition des connaissances
Autre enseignement, la montée en puissance du numérique n'a pas beaucoup modifié les modalités de vérification de l'acquisition des connaissances. « Le système de validation prévu dans les référentiels, à savoir le contrôle continu, peut tout à fait être réalisé à distance, explique Diane Bossière. Nous n'opérons pas de contrôles d'assiduité. Les futurs professionnels doivent pouvoir acquérir des connaissances de manière souple. Les opérateurs de compétences ou encore Transition pro partagent cette vision ».
Pour François Meyer, les plateformes offrent aussi des outils de traçabilité de l'activité des apprenants. « Faut-il se baser sur une attestation d'assiduité comme le propose Formadis ou sur le résultats de tests comme ceux que nous avons mis en place sur Fun Mooc ? Nous retenons les deux systèmes », explique-t-il.
Avenir
Si depuis plusieurs années le CNFPT a fait le choix de formations mixtes mêlant temps présentiel et distanciel - Mooc mis à part -, la crise a conduit les équipes à imaginer une nouvelle offre. « Nous menons un travail de réflexion sur de nouvelles formes d'enseignement intégralement à distance en cas de nouveau confinement, national ou local, indique François Meyer. Si le public a été contraint d'utiliser ces nouveaux outils, nous constatons aujourd'hui une réelle adhésion. Les professionnels se sont rapidement acculturés au télétravail, aux classes virtuelles et à la formation à distance ».
L'Unaforis planche également sur un nouveau concept, l'hybridation pédagogique, qui consistera à introduire des contenus distanciels dans les formations de travail social, y compris pour le certificat d'aptitude aux fonctions de Directeur d'établissement ou de service d'intervention sociale. « Jusqu'à présent, les formations étaient organisées massivement en présentiel avec des outils ponctuels d'apprentissage à distance. Pour cette refonte majeure, nous allons identifier les modes d'acquisition des compétences en fonction des référentiels des diplômes. Par exemple, si l'apprentissage de méthodologies peut se faire à distance, la formation à l'accompagnement social individuel doit en revanche se passer en présentiel », explique Diane Bossière.
Cette hybridation pédagogique démarrera de façon expérimentale dès septembre 2020, avant d'être évaluée en 2022 ou 2023 et pérennisée, s'il y a lieu, dans la réglementation.