Les Petits Frères des Pauvres donnent la parole aux vieux de la banlieue et des quartiers et préconisent des politiques publiques adaptées, logement, voirie, services, mobilité, lutte contre l'isolement....

Quartiers prioritaires : la triple peine des vieux
La représentation courante des quartiers prioritaires de la politique de la ville met surtout en avant une population jeune. Or ces quartiers comptent aussi de nombreuses personnes âgées, plus de 18% en 2024 -moins qu'en population générale mais en hausse constante- dont une grande partie subit la triple peine pauvreté-isolement-perte d'autonomie. Après une vie d'emplois précaires et pénibles, de faibles revenus, conditions de logement difficiles, accès aux soins limité, ils vieillissent plus mal qu'ailleurs.
Face à cette réalité « éloignée du bruit médiatique et ignorée des politiques publiques », les Petits Frères des Pauvres ont recueilli leur parole dans un document publié le 13 mars, titré « Paroles de vieux de banlieue et vieux de quartier ». Il permet « à près de 140 vieilles et vieux de banlieue et de quartier, trop souvent invisibilisés et silencieux, de s'exprimer », écrivent en préface Anne Géneau, présidente, et Yann Lasnier, délégué général.
Les Petits Frères des Pauvres se sont inspirés de ces témoignages pour présenter dans la même publication 19 préconisations « pour que le vieillissement ne soit plus un facteur d'exclusion, mais bien une période de la vie soutenue par des politiques publiques adaptées ». Elles portent sur le logement et son adaptation ; le quartier, les services et la mobilité ; le lien social et l'accès aux droits ; la lutte contre la pauvreté.
Si en effet, l'adaptation des logements est prioritaire, elle n'est pas l'alpha et l'omega du maintien à domicile. Dès la porte d'immeuble franchie, le quotidien des vieux est fait de trottoirs dégradés, transports collectifs inaccessibles ou trop éloignés et manque de services de proximité - il faudrait former les urbanistes et les architectes à la transition démographique !
Les Petits Frères des Pauvres préconisent aussi de penser et multiplier les espaces non-marchands afin de favoriser le lien social et faciliter les rencontres intergénérationnelles dans ces territoires.
Et dans le même temps, faciliter l'accès aux aides sociales devient prioritaire, selon eux. Enfin, le volet économique demeure un axe essentiel : parmi les personnes interrogées, un nombre significatif vit avec des ressources en-dessous du seuil de pauvreté et l'augmentation récente du coût du logement et des dépenses courantes ne peut qu'aggraver des situations déjà critiques.
Les petits frères des Pauvres plaident pour revaloriser significativement les minimas sociaux des personnes âgées et invitent les acteurs concernés à collecter des données plus précises sur la perte d'autonomie et la précarité financière (notamment via l'APA) « afin de mieux dimensionner les politiques publiques ».