Que mangeront-ils, où et comment ? L'Institut Nutrition (Fondation Restalliance) s'est associé au Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) pour imaginer les comportements alimentaires des plus de 70 ans d'ici 2030. Géroscopie en livre les conclusions en primeur.
Que mangeront les seniors en 2030 ?
En 2030, les personnes âgées de 70 ans et plus seront 12,3 millions en France métropolitaine, soit plus nombreuses que les moins de 20 ans. L'un des enjeux principaux sera donc de prévenir et lutter contre la dénutrition, qui touche actuellement, selon la HAS, 10 % des plus de 70 ans et 30 à 40 % des résidents en institutions comme à domicile. Cet objectif porte spécifiquement sur les 1,5 million de personnes en perte d'autonomie en 2030.
Deux scenarii possibles
Ce rapport prospectif imagine deux trajectoires. Dans le premier scénario, interventionniste, des actions collectives ciblent les seniors les plus démunis, ceux qui ne bénéficient pas d'aide informelle pour vivre leur vieillesse dans la dignité. Les Ehpad exercent alors un rôle clef. « Il faut permettre aux résidents de continuer à mener une vie normale dans un cadre collectif contraint. L'alimentation joue un rôle central pour rythmer la vie des résidents, mais aussi symbolique et culturel. On ne peut pas réduire l'acte de s'alimenter à celui de digérer », relève Anne Moreau, déléguée générale de l'Institut Nutrition.
Dans le scénario 2, c'est la responsabilité individuelle qui prime. L'ensemble des 70 ans ou plus, riches ou pauvres, est incité à adopter des comportements préventifs. « Le volet de la prévention est déterminant pour faire reculer la perte d'autonomie, relève Anne Moreau. Les seniors doivent avoir accès à des connaissances fiables, dans un monde où les fake news sur la nutrition créent une cacophonie alimentaire remplie d'injonctions contradictoires. Les incitations récurrentes à cesser de manger de la viande ou manger moins gras par exemple, semblent totalement inadaptées pour la santé des 70 ans et plus. »
Les scenarii proposent une « trame nutritionnelle » propre à chacune des quatre catégories de seniors : les aînés autonomes avec difficultés économiques, les aînés autonomes sans difficulté économique, les aînés en perte d'autonomie avec difficultés économiques, les aînés en perte d'autonomie sans difficulté économique.