Alors que la France pointe sans discontinuer des difficultés structurelles dans le secteur médico-social, qu'en est-il de ses voisins européens et des réponses envisagées ? Géroscopie fait le point et vous propose un tableau comparatif du secteur du grand âge dans 10 pays européens (à retrouver en pièce jointe).
Quel accompagnement du grand âge à l'horizon 2030 ?
C'est à Malmö à l'extrême sud de la Suède que se réunissaient les 3 et 4 avril derniers les représentants européens de l'European Ageing Network (EAN) pour leur sommet annuel. L'occasion de réfléchir et d'appréhender de manière collégiale les réponses à élaborer pour préparer le pic démographique à venir.
Partout le même constat
Malgré la diversité des organisations, et contrairement aux idées reçues, le bilan est sans appel. Partout en Europe, les métiers du grand âge souffrent d'un manque d'attractivité, de salaires insuffisants au regard du coût de la vie dans chaque pays, d'une image dévalorisée auprès de la société civile, mais aussi de professionnels épuisés, tant physiquement que moralement, soumis à des stress intenses voire en situation de burn out. Les conditions et la surcharge de travail sont systématiquement pointées par les partenaires européens comme des éléments délétères au recrutement ou au maintien en poste, un élément encore majoré pendant la crise Covid.
Les migrants, une main-d'oeuvre à former
Si partout en Europe l'immigration permet de résoudre partiellement les tensions liées aux manques de personnels (hormis aux Pays-Bas où la législation reste particulièrement exigeante), elle pose des difficultés similaires à l'ensemble des équipes : un problème de langue, de compréhension et d'écarts culturels qui modifient la perception qu'ont les clients de la qualité et de la crédibilité du soin. Harmoniser les pratiques et l'accompagnement devient un enjeu majeur qui ne peut passer que par l'uniformisation des standards éthiques et la formation. Et ce d'autant plus que les fortes pressions liées au stress, à l'augmentation des troubles musculo-squelettiques (TMS), à la fatigue, aux maladies de professionnels et aux nombreux départs en retraite programmés vont augmenter les besoins en personnels alors même que le pic démographique annonce déjà une explosion du nombre de personnes âgées à accompagner.
Des changements d'organisation
Lorsqu'on les interroge sur les outils à développer pour parer à ces difficultés, tous les pays d'Europe insistent sur la nécessité d'améliorer l'attractivité du secteur. Certains vont s'engager dans des campagnes de communication, au cinéma parce que le public y est plus captif, mais aussi dans la formation, l'augmentation régulière des salaires d'ici cinq ans comme des avantages annexes, le développement de la digitalisation et de l'innovation, mais aussi la promotion d'un changement d'organisations et de leurs rôles propres. La République tchèque par exemple, voyant ses infirmières rejoindre massivement l'hôpital, plus motivant, a massivement augmenté les salaires ; un geste qui aurait permis de stopper l'hémorragie. L'Autriche quant à elle mise sur des réformes structurelles compréhensibles par tous les acteurs. La Finlande ambitionne de proposer des services supplémentaires pour faciliter la vie des familles des salariés, des avantages annexes comme autant de compléments de salaires.
Ces réponses semblent être des recettes ponctuelles. Pourtant si le constat est identique partout, n'y a t-il pas une réponse à élaborer collectivement, dans le respect des spécificités de chaque pays ?