Séduits par l'immense potentiel du marché chinois, de nombreux spécialistes occidentaux de la prise en charge des personnes âgées sont allés en Chine étudier les conditions d'un implantation. Quel est l'écho dans les médias chinois de cet engouement récent ?
Quelle place pour les étrangers ?
La Chine comprend actuellement 185 millions de personnes âgées de plus de 60 ans dont 9%, (soit 16 millions) hautement dépendantes. Le nombre de personnes de plus de 60 ans hautement dépendantes atteindrait 56 millions en Chine en 2050.
Le Français Orpea
Le 30 avril dernier, le britannique Reuters a évoqué les projets Chine du français Orpea. La presse chinoise Huanqiu Times de Pékin a relayé en chinois le 2 mai dernier cette nouvelle. Comparé avec le reportage initial de Reuters, l'article chinois apporte une précision sur la démarche d'Orpea en Chine en évoquant la création dans un premier temps de petites structures de 100 à 200 lits à Shanghai et Pékin. Ils ont besoin de plus d'un an pour préparer et concrétiser un tel projet, ajoute la presse chinoise.
Terra Firma, le britannique fonds d'investissement
Le Journal des Finances chinois a cité en novembre dernier les ambitions du fameux fonds d'investissement privé britannique Terra Firma. Attiré par l'immense potentiel du marché chinois des seniors, ce dernier est à la recherche active d'opportunités. Ils ont déjà créé un bureau de représentation à Pékin, d'après ce journal.
Les américains foncent
Non seulement les européens mais aussi les américains sont attirés par les énormes besoins chinois. Beaucoup d'entreprises américaines liées à l'hébergement des personnes âgées explorent le marché chinois, d'après le site web chinois secretchina. Il s'agit de groupes de maisons de retraites, de promoteurs immobiliers et de sociétés d'investissement américaines. Parmi les noms cités: la première société américaine d'hébergement Emeritus, le promoteur Life Care Services, le groupe de résidences des personnes âgées Merril Gardens et le géant américain Fortress Investment Group...
Les investisseurs américains cherchent très activement à s'allier avec des promoteurs pour la prise en charge du grand âge. Les promoteurs chinois sont aussi intéressés par l'expertise américaine dans la construction des hébergements pour personnes âgées car ils manquent encore d'expérience. Cependant, certains promoteurs américains souhaitent créer des sociétés à capitaux mixtes avec leurs homologues chinois afin d'être présents au capital. «Une fois qu'ils auront acquis suffisamment de connaissances et de techniques, ils n'auront plus besoin de notre aide», commente M. Christopher Wallace, Directeur Général de l'américain M3 Capital Partners à Secretchina.
Il n'y pas que Pékin et Shanghai
Chongqing, la plus grande ville du monde en taille, a vu sortir un article fin 2012 dans le Quotidien Commercial de sa ville évoquant ses multiples chantiers absorbant des capitaux étrangers pour mieux prendre en charge des personnes âgées de son périmètre administratif.
D'après le quotidien, un couple de retraités chinois de Chongqing a cherché en vain une maison de retraite haut de gamme, ce qui traduit le manque cruel d'établissements de ce type dans la ville. Heureusement, les investisseurs occidentaux sont présents et espèrent pouvoir répondre bientôt à ces besoins gigantesques.
Une maison de retraite américaine très réputée a signé novembre 2012, un contrat commercial avec le District Nanchuan de la ville de Chongqing. Ce contrat avait l'objectif de créer un grand espace de vie pour seniors sur un terrain de 200 hectares. Ce méga-projet démarrera normalement mi-2013 et se terminera graduellement en 2023 avec une première phase dont le terme est 2015.
Le district de Banan a le projet de créer des maisons de retraite écologiques tout en mettant en avant ses très riches ressources naturelles et culturelles. Ce district a signé une convention de coopération avec une ville danoise pour un projet de création d'une résidence pour retraités de 300 lits avec de possibles séjours annuels partagés entre Chongqing et Danemark.
Pourquoi tant de dynamisme dans la ville de Chongqing? Un consul danois à Chongqing a révélé un manque actuel minimum de 100 000 lits dans cette ville en partant du principe qu'il faudrait héberger en institution entre 5 et 7% des plus de 60 ans.
Aventures inachevées
Pourtant, plusieurs entreprises américaines spécialisées venues à Chongqing sont reparties les mains vides. M. WANG Xiaodong, président de la Chambre du sud-ouest américaine, a donné son explication à ces aventures inachevées. Le secteur des personnes âgées chinois, selon lui, est très particulier avec un faible taux de retour sur investissement dans la longue durée. En plus, les institutions étrangères de ce domaine présentent des défauts innés en levée de fonds, soutiens financier et fiscal, usage foncier et assurance médicale, etc. Par exemple, le régime d'assurance maladie ne s'applique pas aux résidences de retraites privées. Avec un coût beaucoup plus élevé, les institutions étrangères ne peuvent pas s'implanter sur un pied d'égalité.
M. ZENG Guoping, célèbre professeur d'économie à l'université de Chongqing, trouve dommage qu'aucune maison de retraite à capitaux étrangers ne marche en Chine jusqu'à présent. « C'est leur choix inapproprié de mode de marketing qui pose problème. Les seniors chinois ne passent pas leurs retraites de la même manière que les seniors occidentaux», soupire le professeur. Les occidentaux devront donc adapter leur modèle...