Publié au beau milieu de l'été, le rapport Pirès-Beaune commence à faire réagir.
Rapport Pirès-Beaune : les premières réactions
Le Synerpa alerte sur l'« iniquité de certaines propositions »
Le Synerpa salue le «grand sérieux » du travail de la députée qui « permet d'améliorer la compréhension des défis auxquels sont confrontés les résidents en Ehpad et leurs proches », et dit partager « l'objectif visant à améliorer les différentes aides publiques pour les rendre plus justes, plus équitables et plus efficaces ». Mais le représentant des Ehpad commerciaux alerte sur « les conséquences préjudiciables qu'entraînerait l'application de certaines propositions » telles que l'obligation de contractualisation et le versement d'une redevance annuelle sur les évolutions du capital. C'est notamment aussi « le cas de la proposition de créer une commission et d'élaborer une méthode de prévention, d'analyse et de résolution des difficultés des Ehpad et structures de services à domicile qui concernerait uniquement le secteur public et privé non lucratif », ce qui le conduit à s'insurger avec force contre « l'iniquité du plan de soutien exceptionnel » annoncé par Matignon dans la foulée du rapport.
L'ADPA demande la sortie de la tarification administrée
L'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) rebondit dans un communiqué sur la question du financement et remet surtout sur la table la proposition 44 de sa plateforme : « Aujourd'hui, ce n'est donc pas le coût de fonctionnement d'un établissement pour personnes âgées qui est important, c'est le prix payé par les résidents et leurs familles car il est peu couvert par la solidarité nationale ».
Quatre solutions de financement se présentent aux pouvoirs publics, énumère-t-il :
- La solidarité nationale via l'impôt et/ou des transferts d'enveloppes publiques
- Le recours à des assurances privées ;
- Un mixte entre ces deux premières propositions ;
- La sortie de la tarification administrée.
L'AD-PA s'est prononcée à de nombreuses reprises pour la première solution et elle continue de le faire. Mais « la situation actuelle de « low-cost » imposée à tout un secteur ne peut se prolonger car elle est moralement insoutenable, politiquement ingérable, économiquement déraisonnable, et juridiquement largement critiquable ». Dans l'attente et dans l'immédiat, elle demande la quatrième.
Avec plaide pour une « prestation autonomie »
L'Association Vieillir ensemble en citoyen (Avec) rappelle que le président de la République lui-même « avait pour sa part confirmé en 2018 la nécessité de construire un financement nouveau pris en charge par la collectivité nationale, faisant le constat que la France n'a pas d'autre choix » et elle conclut qu'« il revient donc maintenant à l'État de mettre en oeuvre une politique volontariste à l'égard de nos ainés en créant une « prestation autonomie », telle qu'attendue par l'ensemble des acteurs du secteur du Grand Age depuis plusieurs années, qui permettra de réduire les coûts supportés par les personnes âgées tout en augmentant le temps de professionnels auprès d'elles au quotidien »
Départements de France : l'occasion d'une véritable réflexion débouchant sur une vraie loi
Quant aux départements, « collectivités des solidarités », ils vont « prendre le temps d'analyser ce rapport » mais estiment d'ores et déjà qu'il « doit être l'occasion d'avoir - enfin - une véritable réflexion sur le bien vieillir, débouchant sur une vraie loi ». Olivier Richefou, président de la Mayenne et du groupe de travail Grand âge de DF rappelle que « les départements assument seuls, près de 60% des dépenses » et plaide pour une augmentation de l'enveloppe de solidarité nationale à hauteur de 50% des dépenses engagées par chaque département ».
François Sauvadet, le président, met aussi en garde : « nous sommes aux prises avec les déserts médicaux, n'y ajoutons pas des déserts médico-sociaux » à propos de la proposition contenue dans le rapport de confier la gouvernance des Ehpad aux Agences régionales de santé.
Enfin pour DF, « s'il est nécessaire de simplifier les aides, il convient de ne pas tomber dans le piège d'une recentralisation larvée au motif que chacun doit être passé à la même toise. Il convient de garantir un socle commun à nos concitoyens, tout en laissant les Départements qui le souhaitent aller plus loin ».