L'ANAP vient de publier "L'accompagnement médico-social des personnes adultes handicapées psychiques : Retours d'expérience de reconversions ou de créations". Quelles reconversions permettent de proposer un meilleur accompagnement, telle est la question que nous avons posée à Alain Arnaud et Christophe Douesneau, auteurs de cette publication.
Reconversion d'établissements sanitaires en structures médico-sociales
Ce projet s'inscrit dans le programme de l'ANAP relatif à la psychiatrie et à la santé mentale, aujourd'hui composé de deux retours d'expérience et d'une démarche d'élaboration d'un diagnostic territorial. La publication porte sur le thème des reconversions d'établissements avec comme public cible les personnes adultes handicapées psychiques. Nous avons retenu, après un appel à candidatures, 12 établissements accueillant des personnes très lourdement handicapées et souvent hospitalisées précédemment de façon dite inadéquate dans des unités psychiatriques. Ces personnes ont une situation stabilisée et il est alors possible de les intégrer dans une structure médico-sociale, maison d'accueil spécialisée, FAM ou foyer de vie.
Ce sont des personnes avancées en âge ?
Pas forcément. Parfois la question du vieillissement est un élément déclenchant, mais souvent c'est le fait que ces personnes sont dans des hôpitaux psychiatriques depuis plusieurs années. Ce sont en majorité des personnes entre 40 et 60 ans.
Ces personnes trouvent difficilement à intégrer des EHPAD adaptés à leur handicap ?
Ces personnes étaient précédemment prises en charge dans des unités de psychiatrie.
Les unités de soins des hôpitaux psychiatriques sont organisées autour de la prise en charge aigüe et pas autour de l'accompagnement au long cours. Ces personnes sont atypiques de la majorité des patients pris en charge par ces établissements. La proposition qui est faite autour de ces reconversions est de pouvoir leur proposer un accompagnement plus adapté à leur situation, une fois celle-ci durablement stabilisée : cela s'appuie sur les soins mais aussi sur une plus grande socialisation, dans un milieu de vie adapté, moins médicalisé, permettant l'élaboration d'un projet de vie, le rétablissement des liens familiaux, etc.
Par contre, la question de l'âge revient une fois que la maison d'accueil spécialisée est créée, que la reconversion est réussie et que la question du maintien de la dynamique se pose. Si l'on enregistre un décès, est-ce que l'on fait entrer une personne jeune ou est-ce que la structure est dédiée à des personnes uniquement d'un âge avancé...
Que fait-on de ces personnes qui ont en général un vieillissement précoce ?
Nous ne sommes pas allés jusque-là dans l'analyse puisque nous avons focalisé sur la reconversion. Et nous avons étudié comment le projet de vie peut être régulièrement questionné pour entretenir la dynamique de l'accompagnement. Dans ces retours d'expérience, nous n'avons pas eu de connaissance de personnes ayant connu une réorientation en EHPAD après un passage en MAS. Toutefois, il faut signaler ici que la reconversion sanitaire vers une MAS n'est pas la seule solution. D'autres dispositifs peuvent être mobilisés (FAM, foyer de vie, etc.) pour proposer des prises en charge alternatives à certaines hospitalisations de longue durée.