La région Nord-Pas-de-Calais s'emploie depuis plusieurs années à favoriser une meilleure utilisation des thérapeutiques à visée psychotrope chez les personnes âgées, aussi bien à domicile qu'en établissement. Tour d'horizon des actions entreprises.
Réduire les prescriptions des malades d'Alzheimer
Le Dr Marguerite-Marie Defebvre, médecin référent sur les questions du vieillissement à l'ARS Nord-Pas-de-Calais accompagne les différents programmes organisés en partenariat notamment avec les Ehpad du territoire.
Quelles actions avez-vous mis en place dans la région Nord-Pas-de-Calais ?
Depuis 2011, nous travaillons à la sensibilisation des professionnels aux troubles cognitifs (qui entraînent des surconsommations de psychotropes) et à la dépression (qui passe souvent inaperçue et est sous traitée). Si la maladie d'Alzheimer est une des premières pathologies de la personne âgée, la dépression et le suicide sont des phénomènes de plus en plus importants. D'après l'étude récente de l'INVS notre région est parmi celles qui présentent un taux standardisé supérieur de 20% au taux national d'hospitalisation pour tentative de suicide tous âges confondus. Les séjours hospitaliers pour cette cause augmentent chaque année chez les personnes âgées depuis plus de 10 ans.
Dans les EHPAD depuis 2011 les programmes MOBIQUAL ont permis de sensibiliser les professionnels et de mieux repérer certaines pathologies chez la personne âgée. Un de ces programmes concerne la dépression et un autre la prise en charge de la maladie d'Alzheimer et notamment la question des psychotropes.
En 2012 le programme AMI-Alzheimer développé par la HAS qui a pour but de réduire l'usage inapproprié des neuroleptiques dans la maladie d'Alzheimer et d'améliorer la prise en charge des troubles du comportement des patients nous a permis d'engager une démarche complémentaire. Elle consiste à repérer et à substituer ou arrêter les mauvaises thérapeutiques. Pour cela nous fournissons aux professionnels des outils d'alerte et de maîtrise. Dans le cadre de cette démarche, 231 Ehpad ont accepté de travailler avec nous (63% des Ehpad du territoire). Ils ont déclaré 9 349 résidents atteints d'une maladie d'Alzheimer ou apparentée. Parmi ceux-ci, 22% avaient une prescription de neuroleptiques depuis plus d'un mois. Le nombre de résidents sous neuroleptiques a pu être réduit de 25% environ. Ce programme est maintenant poursuivi en lien avec le CHRU de Lille.
Troubles psychiatriques et cognitifs peuvent être intriqués ou difficiles à être reconnus avec l'avancée en âge. Nous avons mis en place depuis 2013 huit équipes de psycho-gériatrie qui se rendent dans les Ehpad. Elles sont sollicitées pour des patients dont les comportements ont changé ou qui cumulent médicaments et psychotropes potentiellement inappropriés. Elles revoient avec les médecins-coordonnateurs et les infirmières coordinatrices les ordonnances des résidents et font des propositions thérapeutiques aux médecins traitants.