Si les Français consomment 3 fois plus de psychotropes qu'en Allemagne et au Royaume-Uni, ils n'en tirent pas de bénéfice pour leur santé, que ce soit dans les établissements de soins ou dans les maisons de retraite. Lutter contre la iatrogénie médicamenteuse est une priorité, notamment dans les Ehpad.
Réduire prescriptions et consommations médicamenteuses
De nombreuses études ont pointé la surconsommation médicamenteuse, que ce soit à l'hôpital, à domicile ou en Ehpad. Le vieillissement de la population accentue les risques de iatrogénie médicamenteuse : on évalue à plus de 10 000 décès et 130 000 hospitalisations par an son impact pour un surcoût annuel de 80 à 318 Millions d'euros. Dans 30 à 60% des cas ces accidents médicamenteux sont évitables et sont deux fois plus fréquents auprès des personnes de plus de 65 ans. On considère qu'après 80 ans, 20% de ces accidents conduisent à une hospitalisation.
L'AFSSAPS en 2005 et les recommandations de la HAS ont mis l'accent sur la nécessaire politique de prévention et la mise en place d'indicateurs d'alerte. Un observatoire des médicaments, des dispositifs médicaux et de l'innovation thérapeutique (OMEDIT) a été mis en place avec 22 structures régionales d'appui et d'expertise pour le bon usage des médicaments, composées principalement de pharmaciens, et mises en réseau.
La loi HPST a impulsé la mise en oeuvre d'expérimentations dans les Ehpad et notamment de contribuer à une diminution de l'iatrogénie médicamenteuse notamment par la possibilité de préparer les doses à administrer. Les ARS jouent un rôle important en définissant des priorités d'actions au sein des EHPAD en partenariat avec l'OMEDIT régionale, le gérontopôle, et les réseaux.
Ainsi en Pays de Loire une étude coordonnée par l'OMEDIT régionale a inclus 80 Ehpad et a observé une très grande hétérogénéité des résultats entre établissements. L'enjeu qualité s'est focalisé sur des constatations simples : 40% des erreurs sont liées à l'administration d'un produit erroné; la prévalence des troubles de la déglutition touche entre 15 et 50% des plus de 60 ans, près de 50% des résidents en Ehpad sont déments et doivent faire l'objet d'une prescription; au delà de 5 médicaments, le risque d'effets indésirables est multiplié par 2.
L'enjeu s'est orienté sur la sécurisation la prescription médicamenteuse et sa distribution. En effet la double vérification réduit de 70% les erreurs d'administration et l'erreur de personne est évaluée à 19% des erreurs d'administration. La traçabilité des prises de médicaments est donc fondamentale et la responsabilité en revient à l'infirmière de l'établissement.
D'autres OMEDIT ont fait un travail complémentaire comme l'OMEDIT Basse-Normandie qui a établit une liste préférentielle de médicaments adaptés au sujet âgé en EHPAD et une liste de médicaments à ne pas écraser.
Enfin le Pr Philippe Verger a publié un rapport en 2013 indiquant qu'un résidant en Ehpad consomme en moyenne 7 molécules par jour. A la suite de ce rapport un plan national d'action a été mis en place pour favoriser les stratégies de soin alternatives et les Ehpad à mettre en place un dossier pharmaceutique et à optimiser leur système d'information.