L'hygiène de la bouche, ou plus techniquement, l'hygiène bucco-dento-prothétique; a longtemps été oubliée en EHPAD. Pourtant, ce soin quotidien de 10 minutes contribue grandement à améliorer la qualité de vie et la santé des résidents.
Renforcer la formation des soignants à l'hygiène bucco-dentaire
"Les soins d'hygiène buccale devraient avoir la même priorité que l'hygiène corporelle. C'est une mesure de base dans la prise en charge d'une personne en perte d'autonomie. [...] Les connaissances des soignants sur ce thème sont limitées. " Dès 2006, dans son rapport " Prévention bucco-dentaire chez les personnes âgées", la direction générale de la santé (DGS) tire la sonnette d'alarme et appelle notamment les EHPAD à plus de vigilance concernant ce volet de l'hygiène quotidienne des résidents.
Ces dernières années, l'Union française des soins bucco-dentaires (UFSBD) multiplie les actions, les recommandations et les formations des personnels encadrants pour lutter contre "le déficit d'hygiène bucco-dentaires et d'entretien des prothèses dentaires" en EHPAD. "On met souvent l'accent sur les difficultés d'accès des résidents au cabinet d'un chirurgien-dentiste, or c'est la question de la formation des personnels qui prime car les pathologies bucco-dentaires en Ehpad sont très souvent liées à un déficit d'hygiène. Il existe une double interaction entre l'hygiène bucco-dentaire et la santé générale. C'est une question d'esthétique et de communication. Lorsqu'une personne âgée a une absence totale de prothèse dentaire ou des dents manquantes, elle perd l'estime de soi, se replie sur elle-même, ne sourit plus. Une mauvaise hygiène bucco-dentaire génère également des risques physiologiques. Enfin, une bouche saine contribue à la lutte contre la dénutrition des personnes âgées en EHPAD ", insiste le Dr Benoît Perrier, secrétaire général de l'UFSBD.
Changer les pratiques
Si la négligence apportée aux soins bucco-dentaires des résidents peut s'expliquer par les contraintes de temps des équipes, la question des pratiques professionnelles se pose également. "Le personnel infirmier n'a pas toujours conscience de l'importance de la santé orale et se montre souvent réticent vis-à-vis de soins de bouche, perçus comme peu gratifiants ", souligne une étude de l'Institut national de veille sanitaire (INVS) publiée en 2013. Un constat que partage le Dr Perrier : "La bouche a un fort contenu symbolique. Certains soignants ont moins de répugnance à effectuer la toilette intime des résidents que les soins d'hygiène bucco-dentaire. Ils peuvent également être freinés par la peur de faire mal ou d'être mordus par exemple". Des comportements qui devront évoluer pour améliorer la qualité de vie et la santé des résidents.