Au coeur de la stratégie de décarbonation, la rénovation énergétique des bâtiments est prioritaire. Le rapport estime à 96 % le potentiel de baisse des émissions de GES liées à la consommation d'énergie par le secteur d'ici 2050. Les Ehpad qui représentent 40 millions de mètres carrés de bâtiments se transforment en chantiers d'isolation thermique, de remplacement de fenêtres et de mise à niveau des systèmes de chauffage et de refroidissement.
Rénovation énergétique : une priorité
L'enjeu ? Éradiquer les passoires thermiques et répondre aux exigences du « décret tertiaire » qui impose une baisse de 60 % des consommations énergétiques d'ici 2050. Cela requiert de réaliser des audits énergétiques pour identifier les besoins et les structures à rénover en priorité.
Parmi les autres leviers, il s'agit de faire preuve de sobriété dans les usages. Privilégier la ventilation naturelle à la climatisation, couper le chauffage dans les pièces inoccupées, réduire la température la nuit, éteindre la lumière lorsqu'on quitte un endroit sont autant de gestes éco-responsables à adopter. Remplacer les anciennes chaudières à gaz ou au fioul par des pompes à chaleur ou se raccorder à des réseaux de chaleur alimentés par des énergies renouvelables marque un tournant décisif. Ces technologies, soutenues par des incitations financières de l'État, offrent une alternative propre qui va bien au-delà de la seule réduction des émissions : elles améliorent également le confort des résidents.
De plus en plus d'établissements s'inscrivent dans cette démarche écologique en installant sur leurs toits des panneaux photovoltaïques. C'est le cas de l'Ehpad Camous-Salomon à Marcols-les-Eaux (Ardèche). Près de 500 m2 de panneaux solaires couvrent en moyenne entre 20 et 25 % des besoins électriques. Un investissement conséquent pour une petite structure comme celle-ci, mais une réponse à la flambée du prix de l'énergie, malgré le bouclier tarifaire. En Vendée, l'Ehpad les Oyats situé à Notre-Dame-de-Monts, a également misé sur le solaire pour pourvoir aux besoins en eau chaude sanitaire les 80 chambres ainsi que les cuisines. En plus de l'aide financière de l'Ademe, la maison de retraite a été accompagnée par le Réseau des énergies renouvelables des Pays de la Loire à toutes les phases du projet.
Des aides à mobiliser
Sur ce levier énergétique, des aides financières sont nécessaires pour permettre aux établissements de respecter le « décret tertiaire », stipulent le rapport. À ce titre, l'Anap propose un ensemble de ressources et d'outils d'aide à la décision pour les professionnels, notamment un simulateur du coût de l'inaction dans les bâtiments développé par l'Ademe. « Avec la hausse des prix de l'énergie, on se rend compte que ne rien faire va coûter beaucoup cher. L'action a un avantage économique net sur l'inaction », assure Camille Devroedt, cheffe de projet au pôle immobilier et RSE de l'Anap.
La CNSA, pour sa part, met à disposition des aides à l'investissement afin d'accompagner la rénovation énergétique. Les deux organismes sont à l'initiative d'un vaste réseau national de 165 conseillers en transition énergétique et écologique en santé (CTEES). Des experts ayant pour mission d'accompagner les directeurs d'établissements dans l'identification des besoins et l'élaboration d'un plan d'action.
Au-delà de la rénovation du bâti, l'éco-construction représente une démarche proactive vers un avenir plus durable. Il y a trois ans, Eiffage Construction livrait à Cysoing, au sud de Lille, le premier Ehpad à la fois passif et bas carbone de France grâce à l'utilisation du bois, à une fabrication hors-site, et aux certifications environnementales et énergétiques.