Les troubles psycho-comportementaux complexifient la prise en charge de la dénutrition chez les résidents atteints de la maladie d'Alzheimer. La démarche à suivre, avec Sandrine Waterlot.
Repenser les repas
La dénutrition protéino-énergétique est fréquente dans la maladie d'Alzheimer. Ces résidents réduisent en effet fréquemment leur consommation alimentaire par manque d'appétit (apathie), une incapacité à reconnaître les aliments (agnosie) et/ou les aliments (apraxie), une anorexie très fréquente, une hyperphagie, en raison de leur incapacité à rester assis durant les repas (agitation) mais également de troubles de l'orientation spacio-temporelle (oubli de l'heure des repas). Or, ces résidents ont justement besoin de manger davantage car ils dépensent parfois plus d'énergie par le stress, les gestes répétitifs ou les comportements de déambulation. Leur perte de poids n'est pourtant pas inéluctable.
Manger autrement
Il est recommandé de fractionner les repas et d'assouplir les horaires. La démultiplication des prises alimentaires permet de répartir les apports nutritionnels sur la journée en diminuant les rations servies à chaque repas, notamment pour les résidents que les grosses portions découragent facilement. Le libre accès aux aliments et le "picorage" s'adressent aux grands déambulants?: les barres de céréales, les légumes crus en bâtonnet, fruits frais ou secs et yogourts constituent d'excellents aliments nutritifs pour ces résidents qui peuvent manger au cours de leurs pérégrinations, à tout moment. Enfin, le "manger-mains" apporte une réponse aux fréquentes difficultés à se servir des couverts (apraxie) chez les malades d'Alzheimer. La texture des aliments est modifiée à l'aide d'épaississants pour permettre de les saisir à la main et de les avaler sous forme de bouchées. Il s'agit d'aider à conserver le plus possible son autonomie et à retrouver le plaisir de manger. Il est important d'en expliquer le sens et l'intérêt aux familles pour obtenir leur adhésion.
Un environnement sobre et calme
On évitera les sources de distraction en servant le repas dans un endroit calme, de manière à ce que le résident puisse se concentrer sur l'acte de manger. Ainsi, faudra-t-il éteindre toute musique durant le temps du repas. Utilisez les vaisselles, nappes et napperons colorés mais sans motifs, les décorations ou surimpressions pour retenir l'attention de la personne sur le contenu de son assiette. Ensuite, présentez agréablement les aliments dans les assiettes ou autres contenus, en jouant sur les couleurs, et séparant les différents composants afin que la personne puisse facilement les distinguer. Le maintien de la vaisselle habituelle, autant que faire se peut, permet de conserver les repères. Le recours à une vaisselle plus adaptée pourra être envisagé (vaisselle incassable, sans brillance,...).
LES CONSEILS DU SPÉCIALISTE
Hélène Lejeune, diététicienne-nutritionniste spécialiste de la prise en charge des personnes désorientées en gériatrie dans le groupe de maisons de retraite belge Axis.
L'alimentation artificielle par sonde
L'acte est souvent vécu par les résidents souffrant de la maladie d'Alzheimer comme un acte invasif, et donc une maltraitance.
L'acharnement nutritionnel
Face à un refus alimentaire chez un patient atteint de la maladie d'Alzheimer, adaptez les aliments à ses demandes et déconnectez le service des repas de l'organisation générale de la fonction restauration.
Thomas Petit-Bourg