Chaque année, près de 12 000 personnes âgées décèdent des suites d'une chute. Les raisons sont multiples. Mais si le sujet a longtemps été négligé, il commence aujourd'hui à sortir de l'ombre. Avec des actions de prévention et un plan à... trois ans.
Sans prévention, plus dure sera la chute...
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Une personne sur trois âgée de plus de 65 ans chute chaque année. À partir de 80 ans, c'est même une personne sur deux. Parmi elles, la moitié tombe plusieurs fois dans l'année, victimes de fractures et contusions. Santé publique France enregistre annuellement 76 000 hospitalisations pour fracture du col du fémur. Et pas moins de 12 000 personnes âgées de 65 ans et plus décèdent chaque année des suites d'une chute, soit quatre fois plus que le nombre de victimes dans un accident de la route. L'enquête permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC) publiée en 2016 va plus loin. Elle précise que les chutes représentent 80 % des accidents de la vie courante au-delà de 65 ans et que les trois quarts des décès par chute tous âges confondus sont survenus chez des personnes âgées de plus de 75 ans. C'est dire si le sujet est grave et mérite qu'on s'y intéresse.
Les Ehpad particulièrement sensibles
Les chutes en Ehpad sont encore plus fréquentes qu'à domicile. Comme le révèle une étude réalisée dans des établissements de Bavière[1], et portant sur l'examen et l'analyse de 70 000 chutes, des similitudes apparaissent concernant les circonstances de celles-ci. 42 % se déroulaient durant les transferts contre seulement 35 % durant la marche. La période de 6 h à 8 h du matin est la plus à risque, les chutes se produisant surtout en chambre ou dans la salle de bains. À domicile en revanche, les chutes sont plus fréquentes durant la marche. Ces informations sont précieuses pour les établissements qui peuvent alors adapter leurs réponses aux besoins réels des résidents.
Un effort financier pour la collectivité
La priorité aujourd'hui n'est plus tout à fait d'allonger la durée de la vie mais bien d'améliorer la qualité de vie des personnes vieillissantes, de maintenir leur autonomie et d'entretenir leurs capacités le plus longtemps possible, à domicile comme en établissement. Et ce d'autant que les plus de 60 ans représenteront un tiers de la population en 2040.
Sans oublier que ces chutes représentent un coût élevé pour la collectivité. 2 milliards d'euros selon le ministère de la Santé et des Solidarités, dont 1,5 milliard pour la seule Assurance maladie. Le coût est difficile à évaluer précisément car seuls les coûts directs font l'objet d'estimation. En France, les dépenses de santé induites par les chutes représenteraient 1,5 % de l'ensemble des dépenses de santé du pays (hors coûts indirects à domicile). Plus de 65 % des coûts concernent des personnes âgées de 75 ans et plus (contre 8 % des coûts entre 60 et 64 ans).
Dans ses recommandations, la Haute Autorité de santé (HAS) indique que « le coût financier des chutes, entraînant une hospitalisation chez les personnes âgées de 80 ans et plus, représentait 27 % du coût total de cette tranche d'âge[2] ».