L'après-crise sanitaire remet au premier plan les fondamentaux de l'hygiène et?de la désinfection...
Si le risque zéro n'existe pas... il faut y tendre
À l'aune de la Covid-19, certaines pratiques vigilantes doivent passer de l'urgence au pérenne, du ponctuel à la routine.
C'est le cas de l'entretien des locaux des Ehpad qui doit inscrire dans le temps long sa mission de lutte contre la transmission croisée. Le nettoyage-désinfection est partie prenante de la prévention des infections et de l'antibiorésistance dont la stratégie nationale 2022-2025, lancée le 7 février, confirme l'impérativité de santé publique. Et si le risque zéro n'existe pas... il faut y tendre !
Un critère de la nouvelle évaluation
D'ailleurs la nouvelle procédure d'évaluation commune à tous les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS), publiée en mars par la Haute Autorité de santé, fait de la « qualité et gestion des risques » l'une de ses neuf thématiques transversales avec, notamment, comme critère (le 3.7) : « L'ESSMS définit et déploie sa stratégie de prévention et de maîtrise du risque infectieux. »
Un groupe de travail inter-centres d'appui pour la prévention des infections associées aux soins (CPias) coordonné par celui de Bourgogne-Franche-Comté devrait proposer d'ici fin 2022 un nouvel outil web permettant aux établissements médico-sociaux de réaliser leur démarche d'autoévaluation du risque infectieux, complété d'une cartographie des risques et assorti de plans d'actions automatisés. Il s'agira de l'actualisation de l'ancien document d'analyse du risque infectieux (Dari) en établissement médico-social.
EMH : le vent en poupe
La crise sanitaire a confirmé jusqu'au drame que les Ehpad étaient des lieux « à risque » car de vie et de soins, avec des résidents « à risque » car au système immunitaire vieilli et, souvent, dépendants, polypathologiques et polymédiqués. Elle a aussi mis sous les projecteurs des acteurs restés jusque-là dans l'ombre malgré une dizaine d'années d'existence : les équipes mobiles d'hygiène (EMH). La plus-value « terrain » des infirmières hygiénistes venues en renfort dans les Ehpad a été une évidence ! En 2020, dix régions sur dix-sept disposaient d'EMH constituées et coordonnées par les CPias. En 2021, les agences régionales de santé ont appuyé sur l'accélérateur. Ainsi, la Bretagne qui pouvait se targuer d'une couverture de 20 % des Ehpad en 2020 a-t-elle recruté en 2021 une trentaine d'équivalents temps plein d'infirmières hygiénistes (IDEH). La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 a souhaité « pérenniser des dispositifs ayant fait leur preuve ».
Saisie par le ministère, la Société française d'hygiène hospitalière (SF2H) a fixé en février dernier l'objectif à atteindre[1] : 100 % des Ehpad non affiliés à des établissements sanitaires, avec un ratio modélisé à 1 ETP IDEH + 0,5 ETP praticien hygiéniste par EMH pour 20 à 25 Ehpad, dans la limite de 1 500 lits.
Une journée et une enquête
Le réseau Répias Primo piloté par Santé publique France organise la première Journée nationale EMH à Paris le 11 octobre sur la prévention du risque infectieux en Ehpad. Le Groupe d'infectio-gériatrie (GInGer), intergroupe de la Société de pathologie infectieuse de langue française et de la Société française de gériatrie et gérontologie, y présentera les résultats d'une enquête nationale prévention/contrôle des infections et bon usage des antibiotiques en Ehpad, clôturée le 31 juillet. Objectifs : réaliser un état des lieux national des besoins et proposer des axes d'amélioration pour les médecins, infirmières coordinatrices ou cadres de soins travaillant en Ehpad. Qui, pour l'entretien des locaux, devront évidemment faire lien avec l'hébergement...