Jérôme Arnaud, président de Soliage, inaugure la Silver Valley à Ivry-Sur-Seine, un projet porteur d'espoir pour toutes les start-up ayant investi finances et recherches dans les technologies prenant en compte les besoins des personnes âgées.
Silver Valley, année zéro
M. Jérôme Arnaud, qui êtes-vous?
Je suis le président de Soliage et également de Doro, société suédoise, un acteur de la filière économique. Soliage est une émanation de l'hôpital Charles Foix qui a la volonté d'améliorer les solutions existantes pour l'autonomie des personnes âgées et la gérontologie.
L'association comprendra bientôt 100 membres répartis sur trois collèges: industriels, partenaires de l'innovation, utilisateurs. Soliage nous permet d'associer les différents partenaires de l'innovation et d'organiser des forums permettant de faire se rencontrer les différents industriels ou donneurs d'ordre, d'organiser des actions de communication. Nous pilotons aussi l'organisation de la Bourse Charles Foix, qui est un appel à projets annuel auxquels des porteurs de projets peuvent candidater.
Ancrer la Silver économie dans la Silver Valley
Nous annonçons également l'ouverture d'une Silver Valley, dans la continuité du lancement de la Silver Economie. Ce sont deux choses différentes : la Silver économie est une filière lancée par le Ministère afin de développer un secteur économique prenant avantage des changements démographiques.
Dans le prolongement de cette filière, Soliage a réalisé des partenariats avec des acteurs locaux : mairies, conseil général, pour lancer une Silver Valley qui est un ancrage régional du lancement de cette Silver Economie.
Soliage est financée par les collectivités d'Ivry Sur Seine, Vitry Sur Seine et le Conseil Général du Val de Marne. Soliage est également financée par la Direccte Ile-de-France dans le cadre de l'appel à projets "Grand Paris" qu'elle a remporté en 2012.
Nous avons pris exemple sur la silicon valley qui était une mise à disposition d'un accès à la recherche et d'un écosystème pour initialiser des entreprises. Dans la Silver Valley, l'accès à la recherche est offert par différents acteurs comme l'hôpital Charles Foix, l'hôpital des Quinze Vingts. Nous aurons une plate-forme immobilière sur Ivry-sur-Seine, plateforme qui est en cours de construction de 5000m². Elle servira de pépinière et hôtel d'entreprises, de lieu de réunion et de formation, éventuellement de lieu de démonstration des produits, et de centre dédié à la Silver économie avec un accès direct à la Silver Valley sur place.
L'objectif est de créer de l'activité économique et des emplois non délocalisables en espérant créer quelques champions ayant une forte croissance à l'international.
La première étape est le lancement de la Silver Valley le 1er juillet en présence de Mme Delaunay et d'Arnaud Montebourg, et la création d'une identité que les membres de la Silver Valley auront le droit d'utiliser. Ensuite nous finaliserons notre charte fin septembre puis la plateforme proprement dite sera inaugurée à l'automne 2014.
Les entreprises membres ne sont-elles pas trop petites ?
Il y a beaucoup de petites entreprises, quelques ETI, mais il y a aussi de grands acteurs comme Orange et Essilor,etc. Cette structure a pour vocation de faire grandir de nouvelles entreprises au sein d'un groupe ou de les faire travailler en collaboration.
Nous mettrons en place des actions de communication mutualisées, et des actions de recherche sur des thèmes qui peuvent servir à tout le monde.
Nous allons faire en sorte que l'écosystème existe et qu'il fonctionne pour aider les plus performants.
Chaque membre doit-il rester autonome ?
Oui, chaque entreprise reste autonome et ne fait qu'adhérer à une charte éthiques et de valeurs, et bénéficier de ce qui est mis en commun. Ce n'est pas plus que cela. C'est l'attractivité de cette solution qui va engendrer une concentration des acteurs sur une zone géographique du sud-est parisien.
Bénéficierez-vous d'aides étatiques ?
Non il n'y aura pas beaucoup de subventions. Des financements ont été annoncés pour aider la Silver économie, notamment par la Banque publique d'investissement (BPI), mais essentiellement pour générer des fonds propres. Ces fonds vont servir de levier pour les entreprises. Ensuite la commande publique pourrait généraliser des expérimentations via des labelisations de pilotes régionaux. Mais cela ne va pas générer beaucoup plus d'activité. Le marché est suffisamment attractif. Des acteurs privés, aux côtés de la BPI, ont envie d'investir dans cette filière. La question principale est de rendre les utilisateurs solvables.
Y a-t-il des technologies ciblant le maintien des personnes à domicile ?
Oui, le nombre de personnes âgées augmente et il faudra être plus efficace pour les gérer. En les maintenant à domicile cela devrait coûter moins cher. Mais il faudra détecter à quel moment elles auront besoin d'être aidées. et c'est là que la technologie entre en jeu. Pour le financement, la dépendance est une sorte de sinistre qui peut être financé par les assureurs grâce à des cotisations. Ces pistes seront nécessaires pour avoir un financement équilibré.
Quel intérêt d'être dans l'écosystème ?
Comme dans toute activité une solution est faite de plusieurs composantes. Il y a un intérêt mutuel à être présent et à partager certaines recherches ou technologies. L'ensemble des acteurs, avec l'hôpital Charles Foix et ses partenaires, sont désireux de voir ces recherches aboutir. Des aides à la validation des projets seront attribuées.
Parmi les technologies, certaines s'adressent aux maisons de retraite ou aux résidences services ?
Bien sûr, elles s'adressent au domicile mais aussi aux hébergements intermédiaires et aux maisons de retraite. Les technologies sont assez duales.
Beaucoup d'offres sont liées aux innovations technologiques dans le domaine de l'information mais aussi dans des secteurs moins technologiques et d'autres plus médicaux. La société Xamance, lauréat 2011, permet de lire son courrier et ses documents papier à distance ou Vigilio une technologie de détection des mouvements pour maintenir les personnes à domicile et détecter les chutes. Dans les offres non technologiques, la société Verdurable conçoit et développe Garden Age une jardinière surélevée et des accessoires ergonomiques (griffe, transplantoir et arrosoir) pour permettre aux personnes âgées, en fauteuil, et dans une maison de retraite, de faire du jardinage (produit testé par le service de rééducation de l'hôpital Bretonneau et des hortithérapeutes). Cela relève du ''bien vieillir''. Eyebrain, développe un autre produit permettant de détecter les maladies neurologiques à partir du mouvement des yeux.
Les entreprises conçoivent-elles pour le monde entier ?
Les entreprises de la Silver Valley ne produisent pas uniquement pour la France. L'ancrage est en France mais l'objectif est mondial. Nous n'avons pas à rougir de l'état d'avancement de nos technologies. En allant au Québec, récemment, nous avons eu l'occasion de vérifier que les solutions françaises étaient aussi significatives que ce qui se passe aux Etats Unis.
Certaines entreprises de Soliage visent-elles les maisons de retraite ?
Oui certaines visent clairement les deux marchés : le domicile et les établissements d'hébergement.
Il y a par exemple Vigilio, à Evry, qui développe un système intelligent pour détecter les chutes, système en location 1€ par jour pendant 3 ans. Il y a Geria Contract, ensemblier du mobilier en EHPAD,, Spartimes Innovation qui développe un nouveau système de détection des clés par digicode. Cela sécurise le domicile ou la chambre en facilitant l'entrée des personnes autorisées.
Le champ d'action est vaste allant du senior actif au sénior dépendant ou fragile, du service au domicile. L'évolution démographique entraîne des besoins spécifiques qui se détachent du grand public.
Quelle est votre évaluation du marché aujourd'hui ?
Le marché de la téléassistance est aujourd'hui le seul qui a décollé. On part pratiquement de zéro. La Bourse Charles Foix est l'initiative de base qui vise à transformer la recherche en initiative, et Soliage, qui est soutenu par la Datar, essaie de donner naissance à une grappe d'entreprises pour passer à la vitesse supérieure en fédérant de manière concrète les start-up.
Nous apportons les conditions d'attractivité pour des acteurs qui veulent se placer sur ce marché. Elles réussissent mieux si elles travaillent ensemble.
Quels sont les freins à faire sauter ?
Solvabiliser la demande, rendre l'offre plus pertinente, améliorer la distribution de produits qui ne sont ni grand public ni des accessoires médicaux, ni ne rentrent dans le circuit BtoB. La communication disponible n'est pas non plus suffisante. Il faut aussi réussir à simplifier l'accès aux financements pour les utilisateurs.
Note:
La Bourse Charles Foix récompense les innovations permettant d'améliorer la qualité de vie des personnes âgées. Cette récompense accélère leur développement(le prix est doté d''un financement de 10 à 15 000€, d'un accompagnement de Soliage pendant 12 mois et d'une exonération à Soliage pendant 24 mois. L'appel à projets de la Bourse Charles Foix se cloturera le 13 septembre prochain.
La Bourse Charles Foix est financé par les financeurs de Soliage et le groupe AG2R LA MONDIALE, la Caisse Nationale D'Assurance Vieillisse Direction Action Sociale ile de Frannce et la Caisse des dépôts