L'association Au bout du fil réunit, le temps d'un appel hebdomadaire, des personnes souffrant d'isolement et des bénévoles. Le coût de fonctionnement mensuel pour l'association est pris en charge par les caisses de retraite, les collectivités ou les particuliers.
Simple comme un coup de fil
La détérioration du lien social, on le sait, accélère la perte d'autonomie. Au bout du fil, association dédiée à l'écoute conviviale, l'a bien compris. Grâce à sa plate-forme informatique, elle met en contact des bénévoles et des personnes souffrant d'isolement. En moyenne, 140 bénévoles appellent chaque semaine plus de 800 personnes. " Le but de l'appel est de faire passer un bon moment à l'appelé, de soulager une souffrance. C'est un échange ", précise Alain Thomas, secrétaire-général de cette association créée en 2008. Les " appelés " ont plus de 65 ans même si ce service n'est pas dédié aux personnes âgées.
Éviter les attachements
Le service fonctionne sur le principe suivant : la personne appelée reçoit au minimum un appel par semaine et ce gratuitement. Le bénévole s'engage sur deux heures d'appel par semaine (par session d'une heure et pour un appel de 20 minutes environ), des appels qu'il passe de son domicile. Certains vont jusqu'à consacrer quatre ou cinq heures aux appels.
Une plate-forme téléphonique apparie les personnes selon leurs disponibilités. " Les personnes ne se connaissent que par leur prénom, les numéros de téléphone privés n'apparaissent pas, insiste Alain Thomas. Les bénévoles ne retombent qu'exceptionnellement sur des personnes déjà appelées. Nous avons voulu éviter les attachements et préserver la tranquillité et la sécurité de chacun. "
La formation sur l'écoute conviviale, obligatoire, se fait sur Internet, par une plate-forme d'e-learning. Le bénévole apprend à apporter du réconfort dans les situations difficiles et à éviter les erreurs. " L'entretien ne doit pas devenir une séance de psychologie, ce n'est pas dans nos compétences ", avertit le secrétaire général. Parmi les bénévoles, on trouve une majorité de retraités, des actifs et des jeunes de 30 ans. Une variété " qui nourrit les échanges ".
Reste à étudier le modèle économique. L'association s'est développée auprès de relais sociaux puis en partenariat avec des caisses de retraite. Aujourd'hui, 725 personnes sur 868 sont ainsi prises en charge par des caisses de retraite. La subvention demandée ? Six euros par mois et par personne. À noter que 10 % des appels sont pris en charge par des particuliers qui parrainent une personne appelée par un don *.
Au bout du fil compte aussi sur ses partenaires (Fondation SFR, Fondation de France, Aviva...). Ils soutiennent des projets comme l'évolution de la plate-forme téléphonique ou l'intégration cette année de certains appelés dans le cercle des appelants. " C'est un complément idéal à la recherche constante de bénévoles. Aujourd'hui, un tiers des appels environ sont effectués par des appelés-appelants, sélectionnés pour leurs capacités d'écoute et de dialogue, se réjouit Alain Thomas. Les retours sont excellents. La proximité s'installe très vite entre appelant et appelé. "
Soin mutuel, disponibilité, générosité..., la société du " care " semble en marche.
* Ils bénéficient alors d'une déduction fiscale.
www.auboutdufil.org
Tél. 01 70 55 30 69