Inauguré en octobre 2024, le nouvel espace de simulation de l'hôpital Albert Chenevier de Créteil (Val-de-Marne) est dédié à la formation des professionnels accompagnant les personnes âgées. Un espace unique en son genre, accessible en formation initiale et continue.

SimuSenior : un nouvel espace de formation dédié au bien-vieillir
Le recours à la simulation dans les formations en santé se démocratise depuis une dizaine d'années, notamment parce que « de nombreuses études démontrent l'intérêt de cet outil pédagogique qui permet de respecter, dans le domaine de la santé, la devise ?jamais la première fois sur le patient?, explique le Pr Marie Laurent, cheffe du service de gériatrie au sein du Groupe Hospitalier Henri Mondor (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) et responsable scientifique et pédagogique de SimuSenior. Le recours à la simulation s'est développé pour les gestes techniques, mais il est également possible de l'appliquer pour du non-technique, notamment pour développer la communication interprofessionnelle ou encore le relationnel, des compétences fondamentales pour l'accompagnement des plus âgés. »
La réponse à un besoin de société
C'est toute l'ambition de l'espace SimuSenior, dont les 160 m2 recréent des environnements où sont présentes les personnes âgées : une chambre d'hôpital, d'Ehpad, un studio de résidence, un box de consultation. L'objectif est de travailler sur l'ensemble des prises en charge dans un cadre le plus réaliste possible. Le dispositif, porté par de nombreux partenaires tels que l'Université Paris Est Créteil (UPEC), le rectorat du Val-de-Marne, la région académique d'Ile-de-France, le Groupement hospitalier universitaire (GHU) Henri Mondor ou La Poste, se situe à l'hôpital Albert Chenevier au sein d'un bâtiment réhabilité. « La Haute Autorité de santé porte des recommandations concernant l'encadrement de la simulation, mais nous avons dû réfléchir à l'organisation des lieux et à la création des pièces », précise le Pr Laurent, qui a sollicité l'ensemble de son équipe médicale et paramédicale pour se rapprocher de la réalité du terrain.
Du lycéen en bac professionnel au médecin
Cet espace de simulation, doté de caméras et d'une salle de débriefing, entend mobiliser, en formation initiale et continue, les professionnels et futurs professionnels intervenant dans le champ sanitaire, social et médico-social. Il s'adresse ainsi au lycéen en baccalauréat professionnel service à la personne, l'étudiant en IUT diététique, l'interne en médecine ou l'étudiant en Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi). Les infirmiers de Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), les aides-soignants ou les médecins d'Ehpad peuvent également y accéder. Lorsque les étudiants ou les professionnels de santé sont mobilisés pour une simulation, ils débutent par une séance de briefing. Ils se rendent ensuite par groupe de quatre au maximum dans la salle de simulation pour jouer le scénario pendant 8 à 10 minutes, sous l'observation des autres étudiants. Enfin, pendant la phase de débriefing, qui peut durer jusqu'à une heure, la séquence filmée est analysée afin de reprendre l'ensemble des interventions. « Il n'est pas question d'évaluation, l'objectif est de se placer en situation et de se former en toute bienveillance », insiste le Pr Laurent.
L'élaboration de scénarios
L'espace de simulation propose un catalogue de formations avec des scénarios clé en main, mais l'équipe peut aussi en élaborer, « en fonction des compétences attendues dans les diplômes, ou en se basant sur des problématiques de terrain à travailler », fait savoir Alexandra Laurent, ingénieure pédagogique. La demande peut émaner d'une équipe de professionnels s'occupant de personnes en perte d'autonomie, ayant besoin d'utiliser la méthode de la simulation pour résoudre une problématique de communication ou de geste technique. « Nous pouvons tout à fait envisager de travailler des entretiens pour des futurs résidents avec un directeur et l'infirmière coordinatrice d'un Ehpad », poursuit le Pr Laurent. Parmi les autres thématiques possibles : la communication avec une personne présentant des troubles de la mémoire, l'annonce d'une maladie grave, la prévention des chutes, les troubles du comportement, la gestion de l'urgence en Ehpad. « Nous n'avons aucune limite dans les scénarios dès lors que nous sommes dans la thématique du vieillissement », indique-t-elle, précisant que l'objectif est d'améliorer les compétences et la réflexion sur les pratiques. « Lorsque nous les élaborons, nous effectuons une analyse détaillée des besoins afin de comprendre précisément ce qui doit être travaillé par les professionnels », poursuit Alexandra Laurent. Toutes les combinaisons sont envisageables : le monoprofessionnel, le pluriprofessionnel, la présence de personnes de la société civile jouant le rôle de patients ou de professionnels de santé préalablement défini dans le cadre du scénario. Deux mannequins sont également utilisables.
En parallèle, l'équipe pédagogique travaille sur la formation des formateurs, pour les familiariser avec l'outil et leur permettre d'assurer le briefing et le débriefing des étudiants « car cela ne s'improvise pas », prévient le Pr Laurent. « Ce rôle leur demande une posture de facilitateur, la simulation étant une approche réflexive et non évaluative », ajoute Alexandra Laurent.