Après s'être s'interrogé sur l'émergence d'une culture spécifique des seniors qui influence déjà les générations plus jeunes, et après avoir évoqué combien l'âge a rajeuni, sur un plan physiologique, social et culturel, cette 4e lchronique s'intéresse à l'implication (ou non) des seniors dans deux inquiétudes majeures concernant l'avenir. Sagan disait combien elle n'aimait pas « les gens sans inquiétude »...
Société de la longévité : démographie et sociologie sont dans le même bateau
Certains enjeux, comme la sécurité ou l'écologie, sont largement structurés du fait de la nouvelle donne démographique. Les enjeux de sécurité prennent plus de place à la fois en raison du développement des faits divers qui deviennent des faits de société et de la hausse des violences faites aux personnes, de leur visibilité renforcée par les médias, mais aussi de la fragilité physique d'une plus grande partie de la population.
L'écologie concerne et implique aussi les vieux
Les seniors sont au moins aussi conscients des enjeux écologiques et aussi prêts à agir que les plus jeunes. Ils ont toujours recyclé, sont plus adeptes de la marche que des trottinettes électriques... Ainsi, 74 % des moins de 35 ans et autant des plus de 65 ans se disent inquiets des conséquences du dérèglement climatique pour la France[1]. Il n'y a pas une génération de jeunes bénie des dieux de l'écologie contre une génération de vieux pourris et défenseurs de la pollution. Un sondage Harris publié début 2024 signalait que 32 % des 18-24 ans placent le changement climatique comme une préoccupation majeure, contre 45 % des plus de 65 ans...
Les seniors inventent la vieillesse
Fini papy pantoufle et mamie jardin ! Il n'y a qu'à regarder le nombre de têtes grises qui foulent le macadam pour courir les marathons et semi-marathons, il n'y a qu'à regarder le nombre de pratiquants de gymnastique holistique, de yoga ou de marche nordique. Les femmes, en particulier, ont donné envie à nombre de leurs cadettes de les imiter. Là encore, les seniors ont inventé une autre façon de prendre de l'âge. Plus largement, la (trop) lente prise de conscience de l'importance de la prévention, qui passe en particulier par la pratique d'activités physiques adaptées, une alimentation plus saine et moins calorique, et la valorisation de lien social touche aussi une partie des plus jeunes. Pas les 16-35 ans, mais les adultes plus matures qui prennent aussi conscience qu'ils devront « durer » plus longtemps comme leurs parents ou grands-parents. Et pour cela, ils ont intérêt à adopter des comportements plus vertueux tout en retrouvant le goût des autres.
Des inspirations réciproques
À l'inverse, remarquons combien les seniors s'inspirent aussi en partie du style des jeunes. Regardons le type d'activités sportives et de loisirs pratiqués par toutes les générations. Des jeunes qui jouent aux boules et des seniors qui font du skate... Les 15 ans ou les 65 ans peuvent se retrouver, pas à la même heure, à visionner la même série. C'est l'ère du flou des générations annoncée dès les années 1980 par l'écologue des médias Neil Postman[2].
Bref, devant l'allongement de l'espérance de vie, la hausse du nombre des vieux, des seniors plus jeunes, plus modernes et plus efficaces en entreprise, le regard sur l'âge doit évoluer.