Moment de bien-être et de partage, la socio-esthétique est un outil participant à la construction ou reconstruction de l'estime de soi des personnes âgées fragilisées. À condition que les soins soient dispensés par des professionnelles formées.
Socio-esthétique : des soins adaptés pour le bien-être des seniors
« La socio-esthétique est une discipline visant à améliorer la qualité de vie des personnes affaiblies par l'âge, la maladie, le handicap ou encore la précarité sociale », explique Clémence Souquet, présidente de Silver Beauté, une entreprise sociale et solidaire proposant des services de coiffure, d'esthétique et de bien-être aux personnes âgées en cliniques, résidences services, Ehpad et maisons de repos. Soins du visage, modelages, manucure, beauté des pieds ou épilation sont offerts aux résidents afin de créer une expérience sensorielle identique à celle des instituts de beauté mais répondant à des protocoles adaptés aux besoins spécifiques de ce public. L'objectif : entretenir ou améliorer leur apparence physique et générer un sentiment de confort, de dignité, d'estime de soi et de valorisation.
Un soutien émotionnel et social
« En Ehpad, la socio-esthétique apporte un soutien au quotidien des seniors », souligne Clémence Souquet. Elle leur permet de se sentir mieux et participe à lutter contre l'isolement en favorisant les échanges avec les autres personnes âgées et les professionnels. « Je me souviens d'une résidente qui, satisfaite d'une prestation de manucure avec pose de vernis rouge rubis, a eu envie de le montrer à tout le monde et s'est mise à participer à des activités de groupe. Tous, soignants comme résidents, l'ont complimentée, prouvant que la socio-esthétique pouvait créer un cercle vertueux, une émulation positive. » Les personnes qui y recourent se montrent généralement plus ouvertes aux interactions. « Cette technique, au-delà de l'aspect esthétique, et dès lors qu'elle s'intègre dans le projet de l'établissement, favorise un soutien émotionnel et social, précieux pour la qualité de vie des résidents », assure-t-elle.
Des soins adaptés
Pour être dispensée en toute sécurité, la socio-esthétique adapte les soins et les produits utilisés aux peaux matures. Des protocoles de cosmétovigilance sont à respecter pour éviter toute irritation. Les soins, sur mesure, répondent aux besoins propres de chaque individu en tenant compte de ses préférences et de ses spécificités de santé. « Nos aînées recherchent des cosmétiques réconfortants plutôt que des soins antirides, précise Clémence Souquet. Elles acceptent leurs rides mais pas la sensation de la peau qui tire du fait des traitements médicamenteux. »
Si la socio-esthétique procure des bienfaits, son usage n'est pas toujours recommandé. En cas d'infections (mycose cutanée, herpès, plaie ouverte, ulcère...), « il faut veiller à ne pas effectuer de soins ciblés sur cette zone », rappelle-t-elle. Idem si l'on constate un ongle fragile ou une mycose des pieds, il est recommandé d'orienter le senior vers une pédicure-podologue. En cas de rosacé sévère, d'eczéma ou de psoriasis, il convient d'éviter les soins du visage et de se tourner vers un dermatologue. Quant aux modelages, ils sont déconseillés pour les personnes présentant des problèmes circulatoires ou atteintes d'ostéoporose sévère. Sans oublier les contre-indications psychiatriques : un résident souffrant de déambulation peut présenter des difficultés à rester assis pendant la durée d'un soin.
Pour éviter toute difficulté et s'assurer de l'absence de contre-indications, il est prudent d'anticiper, en transmettant à la cadre de l'Ehpad, la liste des personnes inscrites aux séances. « Les séances doivent être organisées avec l'équipe médicale de l'Ehpad, la famille et/ou le tuteur des résidents, car une personne peut être fatiguée, malade, avoir mal dormi, changé de traitement et ne pas être en forme pour un soin, indique Clémence Souquet. L'évaluation personnalisée est nécessaire avant la prise en charge et met en lumière l'indispensable formation des socio-esthéticiennes. »
Une discipline spécialisée
La socio-esthétique est une discipline spécialisée qui implique de détenir un diplôme initial dédié (CAP, Bac professionnel, Brevet professionnel). « Il est également intéressant de suivre une formation qualifiante, estime Clémence Souquet. Un diplôme en esthétique peut suffire mais les professionnelles devront alors être accompagnées et formées sur le terrain, car la pratique en ville diffère, dans son approche, de celle réalisée auprès de personnes fragiles et vulnérables dans un établissement. » Les protocoles de prises en charge sont moins longs et invasifs qu'en institut. « Nous proposons également des ateliers collectifs, notamment pour la fabrication de cosmétiques et de brumes florales, fait savoir Clémence Souquet. Ces séances, intégrées dans le projet de vie de l'établissement et conçues conjointement par l'animatrice, la psychologue et la cadre de santé, créent une dynamique positive au sein du groupe. Elles offrent également une expérience olfactive enrichissante. »
Les séances individuelles sont à la charge des personnes âgées, tandis que les ateliers collectifs sont généralement pris en charge par les établissements. Mais certains Ehpad sollicitent la conférence des financeurs pour obtenir des dotations et ainsi proposer des soins socio-esthétiques à l'ensemble des résidents.