Depuis le premier Plan cancer de 2003, les soins de support ont été théorisés et systématisés pour l'accompagnement et la prise en charge des patients en cancérologie. Adaptés à chacun, ils s'inscrivent dans le programme personnalisé de soins pour aider à vivre au mieux la maladie.
Soins de support : accompagner les patients en cancérologie
« Les soins de support font partie intégrante du traitement des patients pris en charge en cancérologie, rappelle le Pr Claude Linassier, oncologue médical, responsable du service d'oncologie du CHRU Bretonneau de Tours et directeur du pôle prévention, organisation et parcours de soins au sein de l'Institut national du cancer (INCa). Sans eux, les traitements présenteraient d'importantes lacunes. » Par soins de support, on appelle « l'ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades tout au long de la maladie, conjointement aux traitements oncologiques ou onco-hématologiques spécifiques lorsqu'il y en a ». Ils font partie de l'accompagnement global du patient dans la prise en soins de son cancer afin de réduire les séquelles et lui permettre de vivre une vie aussi proche que sa vie d'avant cancer. Le traitement du cancer tient compte de l'âge du patient ; l'évaluation onco-gériatrique, avec le score G8 permettant d'adapter le traitement à la personne âgée, ce qui inclut, bien entendu, les soins de support.
Les quatre soins de support socle
Les traitements pour la prise en charge d'un cancer sont pluriels : chirurgie ; radiothérapie avec les rayons internes et externes, et traitements médicaux (chimiothérapie, immunothérapie, hormonothérapie, traitements ciblés). « Ces trois catégories de traitements peuvent générer, à chaque étape, des inconvénients notamment des effets secondaires et des douleurs, qui s'ajoutent aux effets liés directement à la maladie », souligne le Pr Linassier. Pour accompagner les patients dans leur prise en charge, il existe quatre soins de support socle : la prise en charge de la douleur ; la diététique et la nutrition ; l'accompagnement psychologique ; et la prise en charge sociale, familiale et professionnelle. Les quatre axes sont examinés lors de la consultation d'annonce de la maladie au patient, l'objectif étant, pour les professionnels de santé, de définir au mieux l'accompagnement à instaurer.
Lutte contre la douleur
« La prise en charge de la douleur provoquée par la maladie et les traitements est le premier soin de support évalué par les équipes, fait savoir le Pr Linassier. En aucun cas il ne faut négliger ses conséquences sur le patient, et ce, quel que soit son degré d'expression. Car des douleurs peuvent paraître insignifiantes de l'extérieur, mais en raison de leur caractère chronique ou permanent, elles peuvent avoir un retentissement important sur le patient. » Ce dépistage et cette évaluation favorisent une prise en charge antalgique adaptée. La lutte contre la douleur requiert généralement la prescription de thérapeutiques par le médecin généraliste ou le cancérologue. Si la douleur ne répond pas aux moyens médicaux proposés par ces médecins, il est possible de faire appel à des spécialistes de la prise en charge de la douleur notamment des professionnels exerçant au sein des Centres d'évaluation et de traitement de la douleur (CETD).
Certains patients s'orientent également vers des médecines complémentaires comme l'acupuncture ou la sophrologie. « Lorsque les patients ont recours à d'autres types de médecines, ils doivent préalablement s'assurer qu'elles ont démontré leur efficacité. Dans tous les cas, il est nécessaire de rappeler que ces traitements ne peuvent pas remplacer ceux dispensés pour lutter contre leur cancer », insiste le Pr Linassier, précisant que l'équipe de soins doit également être informée des choix opérés par le patient afin d'éviter toute interaction.
L'accompagnement nutritionnel et diététique
Outre la douleur, d'autres symptômes conjoints nécessitent des soins de support. C'est le cas notamment de la prise en charge nutritionnelle et diététique. « Les traitements contre le cancer peuvent provoquer des aphtes, des nausées ou encore des brûlures, empêchant le patient de s'alimenter correctement, souligne le Pr Linassier. Or, la perte de poids représente un facteur de risque pour la guérison. La dénutrition peut donc conduire à modifier un traitement de prise en charge contre le cancer. »
L'accompagnement psychologique
« L'annonce d'une maladie peut provoquer un choc émotionnel chez les patients, pointe le Pr Linassier. De même les traitements et leurs effets secondaires qui ont parfois un impact psychologique, responsable d'un syndrome dépressif, retentissant sur l'adhésion du patient au traitement. » Les équipes peuvent donc lui proposer un accompagnement psychologique.
La prise en charge sociale, familiale et professionnelle
Elle permet de tenir compte des conséquences de la maladie et des traitements sur les rapports entre le patient et ses proches, son travail et sa vie sociale, l'objectif étant notamment d'anticiper les difficultés qu'il pourrait rencontrer.
Les cinq soins de support complémentaire
Parallèlement aux quatre soins de support socle, il existe cinq soins de support complémentaire : l'activité physique adaptée (APA) ; la prise en soins des troubles de la sexualité ; les conseils d'hygiène de vie ; la préservation de la fertilité ; et le soutien psychologique des proches et des aidants. « L'APA a par exemple démontré qu'elle permettait d'améliorer à la fois la manière de supporter le traitement et la maladie, ainsi que le pronostic, rapporte le Pr Linassier. Il est donc important de l'intégrer dans le plan de soins dès lors que cela paraît pertinent pour la prise en charge du patient. »
Le déroulement de la prise en charge
Les soins de support peuvent être dispensés en parallèle du traitement contre le cancer, ainsi que post-traitement en cas de séquelles douloureuses ou de problématiques nutritionnelles par exemple. Ces soins personnalisés, proposés à l'hôpital, en libéral ou au domicile du patient, sont intégralement ou en partie pris en charge par l'Assurance maladie. Ils le sont également jusqu'à 12 mois après la fin du traitement, à hauteur de 180 euros par an par patient. « L'équipe de l'Ehpad doit veiller à ce que le parcours de soins défini pour le résident par le centre de cancérologie soit respecté, notamment la mise en oeuvre des soins de support », pointe le Pr Linassier, concluant que dans les Ehpad, l'aspect nutritionnel est particulièrement important car la nutrition participe à la guérison des patients.