La Cour des comptes a publié le 15 septembre dernier un rapport pointant le coût excessif des soins de kinésithérapie qui augmentent beaucoup plus vite que les autres soins.
Soins fictifs : les EHPAD complices des kinés ?
La Cour des comptes considère que deux professions ne sont pas assez surveillées et engendrent des frais de soins en augmentation plus rapide que les autres et sans justification. Ce sont les kinésithérapeutes et les infirmiers libéraux. Les dépenses pour ces deux professions représentent 10 milliards d'euros en 2014 et augmentent respectivement de 4,4% et 6% par an.
Le président du syndicat des masseurs-kinésithérapeutes, Bernard Michel, défend sa profession en arguant du fait que les soins des kinés ne représentent que 3% des 180 milliards d'euros de dépenses de la sécurité sociale et que le vieillissement de la population engendre des besoins supplémentaires, notamment avec la population âgée dépendante.
La cour des comptes considère que cette profession n'est pas régulée et que les contrôles sur son activité sont insuffisants. La réduction des dépenses potentielle, si des mesures étaient prises, pourrait atteindre 500 millions d'euros. En effet la Cour considère que l'adjonction de recettes nouvelles a atteint ses limites et qu'il faut plutôt mettre en place une véritable maîtrise des dépenses.
Le scandale des soins fictifs en EHPAD
France Inter dans une émission du 25 septembre reprend le rapport de la Cour des Comptes et met en accusation les EHPAD :
"c'est une fraude de grande ampleur qui prospère sur la fragilité de personnes âgées, commence la journaliste. Ce scandale est connu mais il est occulté. Pourtant un peu partout en France dans des maisons de retraite certains médecins libéraux, kinésithérapeutes, orthophonistes, surfacturent leurs interventions ou même facturent des soins carrément fictifs".
Et de citer des cas dans le Médoc, en région parisienne et dans le Centre. La Ministre, Marisol Touraine, interrogée, s'est retranchée derrière la Caisse nationale d'assurance maladie qui traque la fraude, avec ses moyens.
France Inter affirme qu'il y a un deal entre "les médecins et les établissements parce que ce sont les professionnels de santé qui prescrivent des séjours en maison de retraite et qu'en échange certains directeurs de maison de retraite ferment les yeux". Une accusation très grave, appuyée sur quelques témoignages, et qui mériterait une enquête plus approfondie, et en tous cas, une réponse des professionnels...
Réactions de France Alzheimer
France Alzheimer a réagit en publiant une mise au point très incisive : "... le stratagème, mis en place par les professionnels de santé incriminés, est simple : inscrire comme prestations réalisées des actes n'ayant jamais eu lieu et gonfler la facture afférente à leur intervention au sein des EHPAD".
Plus loin l'association brandit l'abus de faiblesse : "Compte-tenu de la vulnérabilité et de la fragilité de ces personnes, la fraude pourrait bien relever de l'abus de faiblesse".
Si les premiers accusés sont bien les médecins et les kinésithérapeutes (entre autres) les directeurs d'EHPAD sont également visés pour complicité :
"France Alzheimer s'inquiète également du fait que ces pratiques aient été rendues possibles grâce à la complicité ou a minima la légèreté des directions d'établissements". Ces dérives sont considérées comme condamnables sur le plan pénal et éthique !
Pour la Fédération des masseurs-kinésithérapeutes, le rapport de la cour des comptes est... "consternant" mais évite d'évoquer le travail des kinés en EHPAD.