Courts séjours, SSR, USLD, Ehpad, 35% des unités gériatriques sont touchées par des fermetures de lits en France selon une enquête de la Société française de gériatrie & gérontologie.
Soins gériatriques : la débandade !
Une enquête inédite que la Société française de gériatrie & gérontologie (SFGG) a menée en janvier 2023 auprès de plusieurs centaines de praticiens en gériatrie révèle que « nous ne sommes plus au bord du gouffre, nous sommes dans le gouffre » commente sa présidente le Pr Nathalie Salles dans un communiqué titré « Soins gériatriques : la débandade ».
En effet, sur 792 services de gériatrie implantés dans 72 départements en France rapportés dans cette enquête (159 courts séjours gériatriques, 153 soins de suite et réadaptation gériatriques, 124 unités de soins de longue durée, 137 Ehpad, 121 hôpitaux de jour/de semaine gériatriques, 126 équipes mobiles gériatriques intra-hospitalières et 98 extrahospitalières), 278 services sont impactés par des fermetures de lits.
« La raison avancée le plus souvent par les personnes interrogées est le manque d'effectifs infirmiers puis médicaux et aides-soignants, de jour comme de nuit » explique le Pr Cédric Annweiler, gériatre au CHU d'Angers et coordinateur de l'enquête.
La pression démographique montre que le nombre de personnes âgées à l'hôpital augmente. « Pourtant les services de gériatrie sont encore trop souvent perçus comme des compléments ou des variables d'ajustement en cas de difficultés dans les autres services », déplore la SFGG.
Une dégradation des soins qui n'est pas digne de notre pays
Ces fermetures de lits et le manque de soignants ont des conséquences graves sur notre système de santé, à commencer par :
- les services d'urgence, manquant de lits d'aval sont incités à organiser des retours à domicile prématurés de patients âgés avec un cortège de conséquences délétères ;
- les malades âgés dont l'état de santé devient de plus en plus préoccupant en raison des retards d'accès aux soins appropriés ;
- des personnels épuisés par les conditions de travail qui se sont dégradées, de nombreux départs et aucune perspective fiable de recrutement.
Quand aurons-nous, en France, le niveau de soins que méritent nos séniors ? demande la SFGG qui réclame « de toute urgence » au ministère de la Santé et au président de la République « d'engager des mesures courageuses pour la filière gériatrique ». Il ne s'agit pas d' « un caprice des professionnels », mais « des mesures nécessaires pour préserver un soin décent pour nos aînés » exhorte le Pr Nathalie Salles.