Solitude du résident
En prenant pour thème le "vivre ensemble" pour son congrès, la Fnadepa avait choisi un beau thème. Coïncidence, en revenant d'Angers, je lis la page littéraire du journal Le Monde. Les titres sont évocateurs : "l'autre, miroir sans tain". Existe-t-on quand personne ne nous regarde ? Quel est le rôle de l'autre dans la construction de notre identité ?
Le personnel de la maison de retraite est-il cet autre ? On peut se poser la question surtout au regard des manuels de psychologie qui affirment que les aides-soignants doivent avoir une position médiane : ni trop proches ni absents, à égale distance du résident et de la famille. Dans une sorte de no man's land affectif.
La famille, trop souvent absente du quotidien, ne peut être cet autre que par intermittence. Alors qui est cet autre en maison de retraite ?
Pour exister il faut croiser le regard d'autres personnes, celui d'autres résidents, ou de bénévoles assidus. Serge Guérin, en parlant des seniors, dit qu'ils doivent «être acteurs de leur bien-vivre» en produisant eux-mêmes de la solidarité et du lien social. Aux Pays-Bas, ils ont trouvé une solution évidente : ouvrir les établissements aux non-résidents en situant la résidence au coeur d'un centre commercial et administratif. Ces «appartements pour la vie» remportent un franc succès : le résident n'est qu'un habitant du quartier...