Sous les pavés...
Ils avaient 20 ans en 1968...
Avides de justice et baignés d'utopie, ils rêvent de changer la société. Devant cette profonde crise de civilisation, qui remet en cause les valeurs traditionnelles et l'ordre établi, la parole se libère sous une bannière hédoniste et libertaire « Il est interdit d'interdire ». La jeunesse revendique davantage de liberté mais peine toutefois à trouver sa place.
A 70 ans, ils sont encore là à battre le pavé. Pour leur retraite, leur pouvoir d'achat mais aussi parce qu'ils accompagnent leurs parents très âgés et commencent à envisager leur propre vieillissement. Ils entendent bien dès lors continuer de brandir la bannière du respect, de la dignité et de la liberté de choix. Liberté d'aller et venir, de prendre des risques, de sortir des unités fermées pour personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, liberté de choisir leur lieu de vie et l'accompagnement proposé...
Pour preuve, ils inventent et bâtissent de nouveaux modèles d'hébergement collectifs, des habitats écolos ou non, investissent dans des containers aménagés et installés au fond du jardin, aujourd'hui pour leurs parents, demain pour eux-mêmes... Le but : préserver l'autonomie tout en restant proches de ses enfants.
A l'heure où tous les professionnels réclament une refondation des modèles, une réflexion globale sur la place et le rôle de l'EHPAD, ne serait-il pas temps d'interroger et d'écouter les désirs de ces « jeunes » vieux, sans âgisme déplacé, qui rempliront, peut-être, sûrement, les établissements demain ?
Car leur puissance créatrice est on ne peut plus vivace. Et cette génération montante va de nouveau bouleverser les schémas classiques. Prenons le train en marche, si j'ose dire...