Lilia Dubois, psychologue clinicienne, vient de publier "Atelier-mémoire en gérontologie : des séances en pratique". Nous lui avons demandé à qui était adressé cet ouvrage et quel est son utilité.
Stimuler la mémoire dans une dynamique groupale
Cet ouvrage est un outil à destination des psychologues (cliniciens ou neuropsychologues) dans le cadre de leur pratique de groupe à visée thérapeutique. L'ouvrage peut aussi intéresser les animateurs, les assistants de soin en gérontologie ou les aides médico-psychologique, mais il n'aura pas la même portée. Après, comme tout outil son utilisation diverge selon les références du praticien.
Alors, quel est l'apport du psychologue dans l'organisation de ces ateliers mémoire ?
Au cours de sa formation, le psychologue acquiert les bases théoriques et pratiques concernant la thérapie de groupe. Cela comprend des réflexions portant sur la création du groupe, sa gestion et l'analyse de la dynamique psychique des groupes (références aux travaux de René Kaes). Le psychologue est à l'écoute de la vie psychique des personnes et participe au travail d'élaboration, au travail du " panser " sur la base d'un lien de confiance.
L'ouvrage est composé de 3 fascicules. Pourquoi cette division en trois parties ?
Les trois livrets constituent l'outil : le " livret du praticien " rend compte de la conception de l'utilisation de ces ateliers-mémoire, puis " le dossier du praticien " et " le dossier du participant " permettent la mise en pratique des ateliers-mémoire (18 séances en 4 exercices). Cependant, cette distinction n'est pas sans me rappeler la tiercéité de ma fonction de psychologue...et cet outil est bien sûr à entendre sous l'angle de ce qui fait tiers, ce qui permet le lien entre les différents participants.
Faire travailler la mémoire des personnes âgées n'est pas un exercice aussi évident qu'il y parait. Pourquoi faut-il adapter les exercices aux difficultés des personnes âgées ?
L'adaptation des exercices et des consignes est nécessaire pour ne pas accroitre les difficultés de compréhension, de réalisation, mais aussi afin de ne pas renforcer le sentiment de mésestime de soi et de honte souvent prévalent dans le processus psychique de vieillissement.
Est ce l'outil ou le groupe de personnes qui est important dans la stimulation des fonctions cognitives ?
Les deux sont importants. Le fait d'être en groupe génère ce que l'on appelle la dynamique groupale et un phénomène de contenance solidaire. Ainsi, chacun peut aborder ses difficultés et/ou compétences cognitives préservées en toute réassurance et sans dévalorisation au sein du groupe. Cependant, l'outil a aussi son importance puisqu'il a été conçu pour stimuler de manière adaptée les différentes fonctions cognitives (exécutives, instrumentales et mnésiques).
Trouvez vous que dans les EHPAD les ateliers mémoires sont bien organisés ?
A la Résidence René Marion de Roybon, je travaille en étroite collaboration avec les différentes équipes, ainsi la stimulation mnésique est proposée dans plusieurs dispositifs :
- les animatrices proposent des séances de jeux de mémoire ouvertes, dans les salons ;
- l'assistante de soin en gérontologie propose dans le cadre du Pôle d'activités et de soins adaptés (PASA) des activités sollicitant les mémoires biographiques, épisodiques et sémantiques ;
- la psychologue anime des ateliers-mémoire, sous forme de petits groupes en appui sur l'ouvrage créé.
Avez vous d'autres projets ?
La rencontre avec la personne âgée ouvre en permanence le champ de la réflexion et de la créativité qui nourrit des projets...