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26/02/2025  - ONS  17707

Suicide : focus sur la recherche Malâge

Le taux de décès par suicide d'un homme de plus de 85 ans est de 86 pour 100 000 habitants contre 13,4 pour l'ensemble de la population révèle l'Observatoire national du suicide dans un rapport dont Géroscopie a retenu une étude sur le mal-être au grand âge.


Le 6e rapport de l'Observatoire national du suicide (ONS) publié le 25 février par la Drees synthétise les grandes tendances des conduites suicidaires en France au prisme de l'âge et du genre. En 2022, 9 200 personnes se sont suicidées, soit un taux de 13,4 pour 100 000 habitants en augmentation de 0,4 point par rapport à 2021, avec une progression importante chez les femmes de moins de 25 ans et chez les hommes de 85 ans ou plus. Premier constat-clé : souvent associé aux jeunes, le risque de décès par suicide est pourtant beaucoup plus élevé chez les 85-94 ans : le taux pour 100 000 habitants est de 35,2 et de 86 chez les hommes - 9 points de plus en un an !

Ces suicides ont été invisibilisés sur le plan statistique par la répartition par âge pour 100 suicides et peu problématisés du fait d'analyses centrées sur le suicide des jeunes, souligne un article de ce (très riche) rapport.

Signé par deux sociologues du vieillissement, Frédéric Balard et Ingrid Voléry et titré « Le suicide à l'épreuve du grand âge », il est consacré aux résultats de l'enquête Mal-être au grand âge (Malâge) menée entre 2021 et 2023 dans le sillage d'une précédente « Suicidâge » entre 2016 et 2020 (auprès de l'entourage des personnes décédées par suicide).

Deux types de populations ont été enquêtées par Malâge dans un quartier d'une petite ville rurale, en résidence autonomie, dans un Ehpad hospitalier et dans un hôpital de jour en santé mentale : : l'une repérée par les professionnels de l'accompagnement gérontologique ou le voisinage comme ayant été ou étant en mal-être, et l'autre auprès de personnes ayant réalisé des tentatives de suicide étiquetées comme telles. Le fait saillant ? Un lien plus étroit avec le care qu'avec l'isolement !

Pour les auteurs, il faut reconsidérer la vision de la suicidalité au grand âge. Les tentatives de suicide impliquent souvent des changements de position dans les relations d'aide qui induisent ensuite des tensions subjectives différentes : « chez les femmes enquêtées, c'est en effet l'assignation au care familial ou conjugal qui structure les récits - qu'elle soit revendiquée (« mourir en aidante ») ou au contraire imposée (impossibilité de s'en déprendre légitimement) tandis que chez les hommes enquêtés, c'est plutôt la perte d'autorité sur le care qui produit des expériences subjectives douloureuses et des tentatives de suicide - à l'occasion du passage d'un care conjugal ou familial exercé au domicile à un care professionnel en Ehpad, par exemple ». Et cela invite à intégrer cette dimension du care dans les dispositifs de prévention du suicide


Pour aller plus loin : rapport final de la recherche Malâge