Totalement pris de court, les employeurs et les acteurs de l'insertion sont vent debout contre une mesure qui cible des jeunes sans formation en recherche d'emploi et fragilise un levier de recrutement dans les secteurs en difficultés RH.
Suppression de l'aide à l'embauche en contrat de professionnalisation : la douche froide
Dans un projet de décret dévoilé le 15 avril, le gouvernement compte supprimer dès le 1er mai l'aide de 6000 euros versée aux entreprises embauchant en contrat de professionnalisation. Selon les dernières données de la Dares, en 2023, 116.000 contrats de professionnalisation avaient débuté.
« Si les entreprises n'embauchent pas pour bénéficier d'une aide financière, augmenter le coût du travail constituera un frein, notamment pour les plus petites d'entre elles », dénonce la Confédération des PME dans un communiqué du 15 avril. Elle ajoute que « si la nécessité de réduire les dépenses publiques ne fait pas débat, il convient de bien cibler celles dont l'utilité n'est pas prouvée » , en appelant « le gouvernement à bien mesurer l'enjeu de la suppression » de cette aide.
Le secteur du BTP est vent debout qui lui aussi dit que le gouvernement se trompe de cible, de même de le secteur de l'Économie sociale et solidaire dont l'Union des employeurs (Udes) déplore la fin d'une aide incitative à l'emploi des jeunes.
Un déplorable « go and stop »
Le président de la fédération des groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq), Pierre Lobry, dénonce dans une tribune ce choix « budgétaire ». Pour rappel, les Geiq accompagnent les entreprises dans leurs recrutements via l'alternance. Il est relayé par Georges Stany du Geiq Silver de Nouvelle-Aquitaine que Géroscopie a interviewé dans son dossier « Alternance : le défi de l'emploi-formation » de septembre 2023 (n°152), pour qui cette annonce est une véritable douche froide.
« En tant que directeur de Geiq dédié au secteur des Ehpad de l'hospitalisation privée, je le vis personnellement comme un déplorable « go and stop », réagit-il Nous travaillons sur du moyen terme et notre secteur à travers ses besoins pour la filière soins fonctionne avec une saisonnalité d'entrées en formation comme par exemple les aides-soignants. Nous sommes déjà engagés sur des structurations de parcours avec certains candidats... » Pour lui, stopper la prise en charge actuelle au 1er mai (alors qu'elle était annoncée pour toute l'année 2024) « remettra en question la confirmation de nombreux recrutements tout en écartant des radars du recrutement en alternance les publics concernés par la mesure. Dommage pour un secteur déjà en peine sur ses ressources humaines et à l'heure où les structures et leurs collaborateurs recherchent juste... de futurs collègues ».