Le syndrome de glissement repose davantage sur des observations cliniques et des impressions subjectives que sur des données robustes, déplorent des auteurs de la revue Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement.
Syndrome de glissement : un concept à « revisiter d'urgence »
Le « syndrome de glissement » est connu depuis des décennies en gériatrie. Le grand public l'a dramatiquement découvert au printemps 2020 lors du confinement des résidents d'Ehpad. Il décrit une détérioration rapide de l'état général d'une personne âgée, souvent après une hospitalisation ou un événement stressant. Mais ce concept français, absent de la littérature internationale, est « à revisiter d'urgence », écrivent les professeurs de gériatrie Gilles Berrut, Cédric Annweller et Sylvie Bonin-Guillaume dans l'éditorial du numéro de juin de la revue Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement (GPNV, vol.22, n°2, article offert). Il « repose davantage sur des observations cliniques et des impressions subjectives que sur des données robustes », déplorent-ils. Il se caractérise par une perte de poids rapide, une diminution de l'appétit, un désintérêt pour les activités quotidiennes, une augmentation de la dépendance et une évolution inexorable vers le décès quels que soient les traitements mis en oeuvre, mais « cette description, bien que pratique pour résumer une situation clinique complexe, reste floue et non spécifique ». Avec le risque de passer à côté « de nombreuses causes sous-jacentes, allant de maladies aiguës et chroniques à des affections psychiatriques telles que la dépression ». Cette « ambiguïté diagnostique » peut entraîner des erreurs de prise en charge, et surtout un retard de traitement adéquat des causes réelles des symptômes.
Deux articles du même numéro complètent cette thématique :
- « Syndrome de glissement : entre diagnostic illusoire et réalité clinique », par Fanny Bretelle, Pierre Nicot, Robin Arcani, Tatiana Horowitz, Martin Comon, Victoria Garrido, Aurélie Daumas, Sylvie Bonin-Guillaume. Il présente le cas d'un patient âgé de 88 ans, admis dans un service de médecine polyvalente pour un syndrome de glissement, dont la prise en charge permet d'aboutir finalement au diagnostic d'endocardite infectieuse sur cancer digestif compliqué d'un épisode dépressif caractérisé ;
- « Essai de déconstruction du syndrome de glissement », par Gilles Berrut qui considère qu'en pratique clinique « que ce qui est nommé syndrome de glissement est en fait une situation d'apathie associée à une altération de l'état général ». Ainsi, une démarche diagnostique devrait rechercher toutes les pathologies organiques qui associent altération de l'état général et apathie, et les situations neuropsychiatriques telles que les épisodes de dépression caractérisée qui donnent de tels tableaux. Une fois ces diagnostics écartés, « la personne devra être considérée comme en situation de soins palliatifs et bénéficier des expertises qui sont attachées à cette pratique ».