Dans le courant de l'année qui vient de s'écouler, ma profession d'hygiéniste m'a conduit à présenter dans chaque département de notre région, les mesures à mettre en oeuvre pour prévenir la survenue de cas de gastro-entérites, ainsi que la conduite à tenir en cas de survenue de cas groupés.
Tendre vers des "soins sûrs" en Ehpad
Dans le domaine de la gestion du risque infectieux en établissement médico-social, les mesures à appliquer consistent à mettre en oeuvre des précautions d'hygiène de base appelées "précautions standard".
Dans notre région, leur présentation est facilitée par la projection d'un film d'une dizaine de minutes, dont l'objectif est de sensibiliser les équipes et leur encadrement aux pré-requis qui assurent la qualité des soins faits aux résidents. Nous insistons sur le fait que la mise en place de ces mesures assure dans le même temps la sécurité des professionnels. Une exigence faible en regard du double niveau de sécurité : sécurité des résidents et sécurité des soignants.
Une participante à l'une des journées nous a fait remarquer qu'un EHPAD est un lieu de vie et que ces mesures ne sauraient s'appliquer dans son établissement sans en modifier la convivialité. Cette remarque suscite une réflexion sur la notion de "prendre soin". Si un jour nous-même (ou une personne qui nous est chère) sommes amenés à résider en EHPAD, ce sera avec l'objectif qu'on prenne soin de nous parce que nous n'aurons plus la capacité de le faire nous même. La dépendance n'est pas un objectif mais c'est une étape possible du parcours gérontologique qui bouleverse la vie profondément. L'établissement devra prendre alors la relève et assurer nos besoins fondamentaux : soins de la vie courante, reconnaissance en tant que personne, mais aussi sécurité lorsque nous aurons besoin de soins de confort et/ou techniques. C'est cette mise en sécurité que vise à accompagner le programme national de prévention des infections dans le secteur médico-social.
L'établissement évalue les risques liés à son organisation et à ses spécificités. Il établit ensuite des priorités dans la mise en place de mesures techniques et/ou humaines qui ont fait la preuve de leur efficacité. Il se met aussi, dans certains domaines, en conformité avec la réglementation. Au cours de la saison 2012, les gastro-entérites ont frappé fort dans certains établissements avec des taux d'attaque élevés chez les résidents comme chez les professionnels, et ne parlons pas de la précédente épidémie grippale. L'analyse des causes et le retour d'expérience* doivent nous aider à ancrer le concept de "soins sûrs".
A mon sens, un soin est un acte qui ne doit pas être dommageable pour celui qui le reçoit. Nous avons bien conscience que les EHPAD sont des lieux de vie, mais dans le domaine des soins techniques on peut se poser la question suivante : est-il plus acceptable de contracter une infection suite à un acte invasif réalisé dans un EHPAD que suite au même acte réalisé dans un établissement de santé ?
Chantal Léger, cadre hygiéniste au CCLIN Sud Ouest
* http://www.cclin-arlin.fr/GDR/Rex/rex.html#ehpad