La toilette n'est pas qu'un acte technique avec un temps compté dévolu par l'organisation de travail, voire minuté. Du moins, elle peut ne pas l'être, à l'exemple de l'Ehpad Dantjou-Villaros.
Toilette évaluative : un mot-clé, l'attention
Ce geste du quotidien a fait l'objet d'une réflexion par les équipes soignantes de l'Ehpad Dantjou-Villaros de la Croix-Rouge française, à Perpignan (Pyrénées-Orientales, 82 lits), puis de la mise en oeuvre d'une démarche respectueuse de l'autonomie de la personne, de ses besoins, de ses souhaits. Avec un mot-clé : l'attention. L'une et l'autre ont fait l'objet d'une intéressante synthèse théorie/terrain parue sous le titre « Une autre vision de la toilette » dans la revue L'Aide-soignante n° 233 de janvier 2022. L'objectif a été de replacer l'aspect relationnel au coeur de ce soin vécu comme un temps de partage.
« Le respect de l'autonomie, soit la "capacité à se gouverner soi-même", évaluée en fonction des capacités préservées de la personne, doit en permanence guider la démarche », écrit son autrice principale Amélie Mallard, alors infirmière coordinatrice. Depuis, elle a rejoint d'autres horizons en tant que cadre de santé, tout comme le reste de l'équipe signataire. Mais « la toilette évaluative demeure », actualise pour Géroscopie le directeur, Georges Cabel, lui-même sur le départ pour un autre Ehpad de la Croix-Rouge dans un autre département de la région - il restera président régional de la Fnadepa.
Dans cet Ehpad de 82 places où est également mené depuis plusieurs années un intéressant travail sur la verticalité des personnes âgées, « nous nous sommes posé la question pour la toilette de "comment faire à temps égal ?", avec une priorité donnée au relationnel dans le soin, commente le futur ex-directeur : notre philosophie d'accompagnement personnalisé rejoint le concept d'Humanitude ».
Tout commence, à l'entrée en Ehpad, par une évaluation globale (dont fait partie la toilette évaluative) qui sera ensuite régulière, de ce qu'est la personne, de ce qu'elle peut/veut (encore) faire. L'attention aux capacités de chacune mais aussi de ses souhaits est devenue, pour l'équipe, de l'ordre du réflexe. Leur prise en compte aussi.
Le refus n'est pas un abandon de soins
Penser la toilette autrement permet de diminuer les troubles du comportement et donc d'améliorer la qualité de vie des personnes accueillies. Avec un point central : le refus d'une toilette par la personne ne signifie pas un abandon de soins. Cela nécessite une organisation différente, comme reporter le soin à un autre moment de la journée et/ou se faire aider par un autre soignant, toutes disciplines confondues. À ce titre, le travail d'équipe est fondamental, ici constituée de la direction, du médecin coordonnateur, de l'infirmière référente, de l'ergothérapeute, des infirmières et des aides-soignantes, des auxiliaires de vie, du personnel d'animation et de restauration.
Transmissions journalières, réunions interservices... différents modes de concertation sont possibles, avec, au centre des échanges, le projet d'accompagnement personnalisé (PAP) comme moyen global de réévaluation à laquelle participe la toilette - ou la restauration, par exemple.
Et les soignants estiment que ces moments de partage à l'occasion de la toilette peuvent également être considérés comme thérapeutiques. Tous les résidents, comme n'importe quel individu, ont un besoin fondamental de contact relationnel pour leur équilibre mental et physique.