Le changement climatique n'épargne pas le secteur médico-social qui entame sa transition écologique. De la rénovation énergétique des bâtiments, à la lutte contre le gaspillage alimentaire, en passant par les mobilités douces, les leviers à actionner pour réduire l'empreinte carbone des établissements de santé sont multiples.
Transport, énergie, alimentation : les premiers leviers de décarbonation dans le secteur médico-social
Quels liens entre le secteur du numérique et celui de l'autonomie en France ? A priori aucun. Pourtant, leur empreinte carbone est peu ou prou similaire. Au printemps 2023, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) s'engageait dans la planification écologique par l'élaboration d'un rapport mené par les équipes du think tank The Shift Project. L'étude montre que les acteurs de la branche (Ehpad, Esat, IME...) émettent autour de 10 millions de tonnes d'équivalents CO2 par an, soit environ 1,5 % des émissions nationales de GES (gaz à effet de serre). Avec la hausse des besoins de prise de charge d'une population vieillissante, ces émissions pourraient augmenter de plus de 40 % d'ici 2050, si rien n'est fait, prévient The Shift Project jugeant cette démarche de planification écologique vitale. Premier constat : l'impact du réchauffement climatique sur les personnes âgées est particulièrement fort et les risques accrus. Parce qu'elles sont plus sujettes à des pathologies chroniques, à une mobilité réduite, à un besoin de médication et un accès au soin quotidien, elles sont davantage vulnérables aux événements climatiques extrêmes, notamment les canicules. En France métropolitaine, entre 2014 et 2022, près de 33 000 décès étaient imputables à la chaleur, dont 23 000 décès de personnes âgées de 75 ans et plus. Un phénomène couplé à une autre donnée démographique : le vieillissement de la population qui renforce la pression sur le secteur médico-social. Le rapport estime à 21 millions de sexagénaires et au-delà en France en 2030, soit 3 millions de plus qu'en 2019. Selon les projections de la DREES, il va falloir accueillir 108 000 résidents supplémentaires en Ehpad entre 2019 et 2030, puis encore 211 000 entre 2030 et 2050.
Les déplacements et l'alimentation, enjeux majeurs
Concernant la répartition des émissions, l'étude montre que le transport est le poste le plus émetteur de CO2 (27 %), principalement en raison de la combustion des moteurs thermiques. Sachant que 75 % des déplacements domicile-travail sont parcourus en voiture et encore davantage (93 %) dans le secteur des services à domicile. Vient ensuite l'alimentation (24 %), fort de 1,1 milliard de repas servis chaque année. Un autre quart provient de la consommation d'énergie des bâtiments (21 %) et le quart restant relève des travaux sur les bâtiments (12 %), des achats de médicaments et dispositifs médicaux (7 %) et du traitement du linge (5 %). À partir de ce bilan carbone du secteur, il s'agissait pour les équipes du Shift Project d'identifier et de quantifier le potentiel des leviers et actions de décarbonation proposés aux gestionnaires d'établissements selon deux scénarios. Une première variante appelée « sans virage domiciliaire » axée sur le maintien des personnes âgées en maison de retraite et l'autre misant sur une prise en charge moins institutionnalisée. Deux pistes dont les résultats n'ont pas pour objectif d'être comparés, insistent les rédacteurs du rapport, mais qui révèlent des leviers à activer très similaires.