La mise en oeuvre du développement durable dans les établissements de santé et médico-sociaux est aujourd'hui une réalité et la légitimité des chantiers ouverts sur le sujet ne fait plus débat.
Travaux d'extension, de rénovation ou de construction en EHPAD
Les Blouines à Brion (49) : une rénovation " durable "
Le 5 novembre dernier, Mme Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, inaugurait les nouveaux locaux ainsi que la rénovation des anciens. Ces nouveaux aménagements ont été pensés et conçus selon un concept d'architecture durable qui vise à mettre en avant le résident et optimiser son confort de vie au quotidien.
" L'extension de l'EHPAD, passé de 25 à 31 lits et la rénovation de bâtisses des XVIe et XVIIe siècles ont été réalisés de mai 2009 à juin 2011 ", explique François Girard son directeur depuis 12 ans.
Quel est le cadre de vie de la résidence ?
Nous avons souhaité un cadre de vie de qualité dans un environnement de qualité : un hectare de terrain a été aménagé et sécurisé dans le respect du paysage rural du village.
Tous les espaces intérieurs, chambres ou parties communes, bénéficient de larges ouvertures apportant lumière et invitant à sortir vers les jardins.
Nous avons augmenté la capacité de 1 000 m² et avons volontairement privilégié l'aspect hôtelier de la résidence qui ne ressemble pas à un EHPAD. L'aspect médical a été mis au second plan. Enfin, tous les repas sont préparés sur place en autogestion, et dans la mesure du possible, avec des produits de saison provenant de la région.
Quelles sont les astuces en termes d'énergie ?
Les travaux répondent aux exigences du respect de l'environnement avec un souci tout particulier pour les économies d'énergie : production d'eau chaude par énergie solaire, climatisation inversée par pompe à chaleur, vitrage spécifique pour une isolation optimale, avec injection de gaz argon au centre : cette technique évite à 30 % les pertes ou les entrées de chaleur.
Murs et toits sont isolés, des robinets à cellule ont été installés pour éviter le gaspillage d'eau, les éclairages communs et ceux de chaque salle de bain sont déclenchés avec détection de mouvement et extinction automatique.
L'atelier d'architecture Girardon de Versailles (78), spécialisé dans les réalisations médico-sociales, a conçu cette extension-rénovation.
Catherine Girardon, quelle est votre définition de l'architecture durable ?
Beaucoup de bon sens avant tout, car il faut imaginer un bâtiment intelligent, économe, efficace, avec des solutions appropriées, simples, sans "usines à gaz".
Utilisez-vous les services de bureaux d'étude avant vos réalisations ?
Oui, de plus en plus, car cette phase est primordiale : on se pose la question de la meilleure efficacité, de la réduction des coûts, de savoir comment chauffer correctement et rafraîchir sans dépassement de budget.
Quelles sont vos contraintes ?
Travaillant dans le secteur privé, nous disposons de budgets serrés qui sont les seuls décisionnaires en fait : nous devons faire du "chic et pas cher" avec des astuces, comme les pompes à chaleur réversible, ou bien la récupération d'eau de pluie car les panneaux solaires sont trop coûteux. "
Quelle est votre dernière réalisation ?
Nous venons de livrer pour Aftam une résidence de 61 lits à Morainvilliers-Bures (78).
Paradoxalement, les exigences en développement durable dans le secteur sanitaire sont plus fortes que dans le médico-social, mais pas assez répandues.
En raison du Grenelle de l'Environnement et des fortes attentes des établissements en termes de certification par l'HAS, l'architecture durable imprègne les discours.
Cependant pour la FHF, l'insertion du développement durable dans les marchés publics reste laborieuse. Les acheteurs publics prennent-ils en compte les critères environnementaux, sociaux ou sociétaux dans leurs marchés ?
Oui, mais de manière encore trop timide, révèle l'Observatoire économique de l'achat public au travers d'une étude sur l'achat public durable.
" C'est vrai renchérit, Jean-Luc Le Moal, responsable de formation au CNEH, car il s'agit d'une démarche naissante, et seuls 25 % des établissements publics l'ont intégré dans leur cahier des charges à ce jour. "
Nous devons donc nous réjouir de la construction du premier EHPAD public de France à énergie positive : 84 lits à Ormesson-sur-Marne (94) seront livrés en 2013. Le projet intégrera notamment des capteurs solaires sous vide et un champ de capteurs photovoltaïques. Un suivi des consommations sur deux ans est prévu ensuite.