Trois questions à Jérôme Guedj, député socialiste de l'Essonne
Les députés ont-ils obtenu des avancées ?
La représentation nationale a réussi à améliorer un texte qui était mal ficelé et pas concerté. Par exemple, en musclant l'article sur la lutte contre l'isolement avec mon amendement pour enfin autoriser les partages de fichiers entre centres communaux d'action sociale et départements pour enrichir les registres canicule. Nous avons également soutenu l'amendement créant le service public territorial de l'autonomie, même s'il est tombé du ciel, présenté à la dernière minute par le Gouvernement, sans avoir été examiné en commission et sans qu'on en connaisse l'impact concret ! Nous avons aussi voté celui incitant au nécessaire regroupement des Ehpad publics dans des groupements territoriaux sociaux et médico-sociaux, tout en étant vigilants sur les conditions de mise en oeuvre.
Votre amendement sur la programmation pluriannuelle ouvre-t-il à une importante loi « gigogne » ?
Il a fallu imposer ce que le Gouvernement ne voulait pas : grâce à la mobilisation de parlementaires de plusieurs groupes qui ont déposé des amendements identiques, la demande d'une loi de programmation a été adoptée. C'est un bon début mais il faut maintenir la pression. Elle permettra enfin de parler des vrais sujets : les besoins de recrutements dans les Ehpad et à domicile, les objectifs de la branche autonomie et les moyens pour la financer. Concrètement, il faut aller chercher les fameux 9 à 10 milliards d'euros à l'horizon 2030. Mais soyons lucides : il n'y aura de loi Grand âge que si le Gouvernement décide d'inscrire un vrai texte en ce sens. Je plaide pour qu'une mobilisation citoyenne, soutenue par les professionnels, le réclame avec force.
Vous avez dénoncé un « bricolage permanent » : comment s'annonce la suite et fin ?
Depuis le départ, nous savons que cette loi va être un rendez-vous manqué ! Elle a été faite dans la précipitation. Aucune concertation préalable n'a été réalisée, aucune vraie ambition pour les familles et les personnes âgées n'est proposée. Et que dire de l'absence de nouvelles sources de financement pour financer les besoins...
C'est pourquoi, avec les députés du groupe socialiste, j'ai rédigé une proposition de loi (PPL) pour garantir le droit à vieillir dans la dignité et préparer la société au vieillissement. Avec 166 articles, il s'agit là d'une PPL ambitieuse qui souhaite répondre de manière transversale à l'ensemble des défis que représente la transition démographique actuelle pour notre pays.