" Je n'ai pas d'appétit de pouvoir, j'ai un appétit d'action. "
Trois vies en une... (ou plus)
1973 - Fac de médecine de Nantes - Élisabeth Hubert, 17 ans, se destine à la médecine générale. Mai?1968 n'est pas loin et la fac est très politisée. "?Il y avait des choses à faire pour défendre les étudiants. Je me suis donc engagée dans le syndicalisme étudiant qui était avant tout un syndicalisme de services?", se souvient Élisabeth Hubert.
Mai?1981 - Inscription au RPR car François Mitterrand vient d'être élu et son programme ne plaide pas en faveur de la médecine libérale. Parallèlement, membre du comité directeur de la CSMF, la jeune femme veut changer les choses et oeuvre à la création de l'UNOF (Union Nationale des Omnipraticiens Français)?: "?Je voulais les amener à moderniser leur mode d'exercice et les faire davantage interagir avec les autres professionnels de santé.?"
1983 - Entrée au conseil municipal de Nantes. Le RPR repère cette jeune femme active qui devient en 1986 la plus jeune députée de France, qui est réélue en 1988 et en 1993 et qui appartient au cercle des bébés Chirac. Membre de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée Nationale puis de la commission des Finances, elle se saisit des dossiers de la santé et préside une commission - transversale, fait rare - sur la bioéthique, avec Jean-François Mattéi à ses côtés.
1994 - Elle arrête son exercice médical et s'engage aux côtés de Jacques Chirac dans sa campagne présidentielle. Secrétaire-général adjoint du RPR elle est la porte-parole de Jacques Chirac sur les sujets de santé... "?Je saisis les opportunités sans me poser de questions, commente Élisabeth Hubert. Je n'ai pas d'appétit de pouvoir, j'ai un appétit d'action.?"
1995 - Entrée au gouvernement Juppé comme ministre de la Santé et de l'Assurance-maladie, elle est, quelques semaines plus tard, candidate malheureuse à la mairie de Nantes battue par le maire sortant Jean-Marc Ayrault. À sa propre demande, Élisabeth Hubert gère le budget de la Sécurité sociale, sans tutelle du Budget (une première qui sera une dernière...). Elle se fait un nom sur l'interdiction de l'amiante, puis se trouve en désaccord avec Alain Juppé. "?Il voulait réduire les moyens de la médecine ambulatoire. C'était un mauvais calcul, il l'a reconnu plus tard?", confie l'ex-ministre.
1997 - Plus de mandat mais une question?: comment rebondir?? Refusant l'aide de Jacques Chirac, l'ex-ministre se tourne vers son réseau. "?Les laboratoires Fournier, à l'époque 4e laboratoire français, m'ont contactée pour un poste de DG?!, s'étonne encore E. Hubert. J'ai découvert l'entreprise, le marketing, le commercial, les relations avec les actionnaires... et des gens admirables, des bâtisseurs.?"
2006 - Elle devient présidente de la Fédération Nationale des Établissements d'Hospitalisation à Domicile (FNEHAD) et crée HAD France avec l'idée de permettre l'accès à l'hospitalisation à domicile aux habitants de territoires ruraux dépourvus de cette activité - une offre de soins qu'Élisabeth Hubert connaît bien?: administratrice de longue date d'une structure nantaise, elle est en 1991 à l'origine d'amendements à loi sur l'hôpital qui a fait reconnaître l'HAD comme une alternative à l'hospitalisation.
2014 - toujours présidente de la FNEHAD à qui elle a donné un visage l'ancien médecin a réussi son virage. Son entreprise compte 120 salariés et 9 établissements d'HAD. Le parcours serait-il terminé?? Non... "?Il y aura une prochaine étape, assure Élisabeth Hubert *. Et je parie qu'à 95 ans, je serai encore engagée dans un nouveau combat?!?" On la croit sur parole.
* Membre du HCAAM